Les autorités de Khartoum ont arrêté l'opposant islamiste soudanais Hassan al-Tourabi à son domicile samedi, un mois après les élections législatives et présidentielle qui se sont tenues pour la première fois en 24 ans au Soudan, a indiqué à l'AFP le secrétaire de Tourabi, Awad Babakir.

«Vers minuit, un groupe d'officiers de la sécurité est arrivé dans trois voitures et a emmené Hassan al-Tourabi hors de chez lui», a précisé le secrétaire.

Mentor du général Omar Hassan el-Béchir lors du coup d'Etat militaire de 1989, qui avait porté ce dernier au pouvoir, M. Tourabi est devenu son pire ennemi après avoir été évincé en 1999.

Hassan al-Tourabi avait qualifié les dernières élections de «frauduleuses» et affirmé que son parti, le Parti du Congrès Populaire (PCP), ne participerait pas au prochain gouvernement, ni ne siègerait aux différents parlements.

Le Soudan a tenu du 11 au 15 avril ses premières élections législatives, régionales et présidentielle multipartites depuis 1986, un scrutin miné par des problèmes techniques, des accusations de fraude, et le boycott d'une partie de l'opposition.

Ces élections ont reconduit au pouvoir le président Omar el-Béchir, élu avec plus de 68% des voix, mais les résultats des législatives et des régionales, notamment au Sud-Soudan, ont été vivement critiqués par des candidats défaits.

Hassan al-Tourabi n'était pas candidat de sa formation à la présidentielle, un rôle dévolu à Abdallah Deng Nial, un musulman originaire du Sud-Soudan, région en grande partie chrétienne.

La Fondation américaine Carter et la mission d'observation de l'Union européenne ont toutes deux affirmé que le scrutin n'avait pas répondu aux «normes internationales».

Hassan al-Tourabi a été emprisonné à plusieurs reprises par le passé. Sa dernière arrestation remonte à la mi-janvier 2009 après avoir affirmé à des médias internationaux que le président soudanais était «politiquement coupable» de crimes commis au Darfour.

A sa sortie de prison en mars 2009, il avait aussi estimé que l'homme fort du régime devait se rendre de son propre chef devant la Cour pénale internationalela (CPI) qui siège à la Haye.

Un mandat d'arrêt avait été lancé par la CPI contre Omar el-Béchir, accusé de crimes de guerre et contre l'humanité, pour son rôle présumé dans les violences au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à la guerre civile depuis 2003.