Deux casques bleus égyptiens ont été tués et trois autres blessés vendredi dans une embuscade au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à la guerre civile, a indiqué à l'AFP un responsable de la force de maintien de la paix.

«Un convoi de 20 personnes circulant dans trois véhicules a été la cible d'une embuscade tendue par des hommes armés inconnus près du village de Katila, au Darfour-Sud», a dit Kemal Saïki, chef des communications de la force ONU-Union africaine au Darfour (MINUAD).

«Le convoi était formé de membres du contingent égyptien. Malheureusement, deux sont morts et trois autres ont été blessés grièvement», a ajouté le responsable, précisant qu'ils avaient été acheminés par hélicoptère à l'hôpital de Nyala, au Darfour-Sud.

Le Darfour est le théâtre depuis 2003 d'une guerre civile complexe à l'origine de 300 000 morts selon les estimations de l'ONU -10 000 d'après Khartoum- et 2,7 millions de déplacés.

La MINUAD, déployée au Darfour depuis le premier janvier 2008, est appelée à devenir la plus importante mission de maintien de la paix au monde. Cette nouvelle attaque porte à 24 le nombre de casques bleus morts de façon violente depuis le déploiement de la mission.

Il s'agit toutefois des premiers membres égyptiens de la mission à être tués en fonction. L'Égypte est l'un des principaux contributeurs en nombre de soldats et policiers déployés au sein de la mission qui compte actuellement plus de 21 000 casques bleus sur le terrain.

L'attaque contre la mission de paix est survenue vendredi vers 11h30, heure locale (04h30, heure de Montréal) près du village de Katila, situé à quelque 85 kilomètres au sud d'Ed el-Fursan, secteur du Darfour-Sud où des deux humanitaires -une Française et une Canadienne- de l'ONG française Aide médicale internationale (AMI) avaient été capturées l'an dernier, puis libérées après 25 jours de détention.

Ce rapt, comme deux autres survenus dans le triangle Tchad-République centrafricaine-Darfour, avait été revendiqué par des hommes armés affirmant appartenir à un groupe baptisé les «Aigles de libération de l'Afrique».

L'attaque de vendredi n'a pas été revendiquée. Et les assaillants ont pris la fuite lorsque les soldats de la MINUAD ont ouvert le feu, a précisé la mission de paix.

«La MINUAD demande au gouvernement soudanais d'identifier, de capturer et de juger rapidement les auteurs (de ce crime) et rappelle à toutes les parties qu'une attaque contre les soldats de la paix constitue un crime de guerre», a souligné la mission.

«La MINUAD ne se laissera pas intimider ni ébranler et reste déterminée à accomplir son mandat au service de la paix», a dit le chef de la mission de paix au Darfour, Ibrahim Gambari, cité par le service de presse de l'ONU à New York. M. Gambari a qualifié de «lâche» l'attaque contre les casques bleus.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est «tout aussi indigné» par cette attaque, a déclaré son porte-parole, Martin Nesirky, lors d'un point de presse.

Le chef de l'Union africaine (UA) Jean Ping «a appris avec regret et stupeur» cette nouvelle attaque et a exprimé «sa déception quant à l'insensibilité dont font encore preuve certains éléments égarés au Darfour qui continuent de cibler les soldats de la paix», a-t-il affirmé dans un communiqué transmis à l'AFP.