Son prénom anglais signifie bonne étoile. Son prénom traditionnel nigérian, lui, signifie l'élu. Hier, alors que Goodluck Jonathan a été sacré président du pays le plus peuplé d'Afrique, le nom choisi par ses parents a trouvé tout son sens. De l'aveu des experts, aucune ascension politique dans l'histoire du Nigeria n'a été aussi rapide.

Issu d'une famille chrétienne qui fabriquait des pirogues dans le sud du pays, Goodluck Jonathan, aujourd'hui âgé de 52 ans, a rompu avec la tradition quand il a obtenu un doctorat en zoologie.

 

D'abord professeur puis agent de la protection de l'environnement, il a tenté sa chance en politique pour la première fois en 1998 dans sa région natale, l'État de Bayelsa. Il a alors été élu gouverneur adjoint de cet État riche en pétrole. Un scandale politique lui a permis d'accéder à l'échelon supérieur. Son patron, le gouverneur, a été démis de ses fonctions pour une histoire de blanchiment d'argent.

Intérim chaotique

Malgré sa courte expérience en politique, il a été choisi candidat à la vice-présidence du Nigeria à peine deux ans plus tard. Issu de la majorité musulmane du nord du pays, Umaru Yar'Adua, qui briguait la présidence pour le Parti démocratique du peuple (PDP), cherchait un numéro deux pour représenter l'importante minorité chrétienne du pays au sein de son équipe. Peu entaché par les histoires de corruption, Goodluck Jonathan a été désigné.

À la suite d'un scrutin très contesté, les deux hommes ont remporté la victoire. Moins de deux ans après le début de son mandat, le président Yar'Adua est tombé grièvement malade et, en novembre 2009, il est parti pour un hôpital de l'Arabie Saoudite. Le vice-président Jonathan a alors été appelé à chausser ses souliers.

La passation de pouvoir a eu lieu pendant une période trouble au Nigeria. Des épisodes de violences communales entre chrétiens et musulmans du centre du pays ont fait des centaines de morts et des milliers de déplacés au début de l'année. Dans la région du delta du Niger, d'où est originaire Goodluck Jonathan, la rébellion armée a repris à la suite d'une courte accalmie.

Élections déterminantes

Lors de l'annonce, mercredi, de la mort du président Yar'Adua, plusieurs s'attendaient à ce qu'un musulman le remplace. Selon les règles d'alternance du PDP, un musulman devait occuper le pouvoir jusqu'au prochain mandat. Cependant, à moins d'un an des élections, les bonzes du parti ont décidé de laisser en place le président intérimaire, tout chrétien soit-il.

Au cours de sa cérémonie d'intronisation, avec son légendaire Stetson vissé sur la tête, Goodluck Jonathan a promis hier de «s'engager totalement» dans la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la pacification du pays et l'organisation d'élections justes et équitables dans le pays de 150 millions d'habitants. Un programme, disent plusieurs, qui nécessitera plus qu'un coup de chance.

Avec l'AFP, la BBC, l'AP