Le président du Nigeria Umaru Yar'Adua est décédé mercredi à 58 ans des suites de problèmes cardiaques après avoir disparu de la scène politique depuis novembre, laissant pour testament de vives tensions au sein de son parti pour sa succession.

«Il est vrai que le président est décédé», a déclaré Segun Adeneyi, le porte-parole de la présidence, confirmant une information mise en ligne par le quotidien local This Day.

Mercredi dans la nuit, le président par intérim Goodluck Jonathan, entré en fonctions le 9 février, avait réuni le gouvernement pour discuter des détails de l'enterrement du chef de l'Etat, prévu jeudi, le plus rapidement possible selon la tradition islamique.

Yar'Adua sera enterré dans l'Etat de Katsina, dans le nord, d'où il est originaire, a déclaré le porte-parole du président intérimaire, Ima Niboro.

Sept jours de deuil national ont été décrétés et jeudi a été décrété jour férié, a-t-il ajouté.

M. Jonathan, qui prêtera serment jeudi pour devenir pleinement président, a appris la nouvelle avec «choc et tristesse. La nation est en deuil et je suis sûr que le monde aussi est en deuil avec nous ce soir», a-t-il poursuivi.

Le Président américain Barack Obama a également exprimé sa tristesse. «Nous nous souviendrons avec respect de la profonde intégrité personnelle du président Yar'Adua et de son profond engagement pour le service public, ainsi que de sa croyance passionnée dans l'immense potentiel et le brillant avenir de 150 millions de Nigérians», a notamment affirmé le chef de l'exécutif américain dans un message de condoléances.

Malade depuis des mois, Umaru Yar'Adua, avait été hospitalisé en novembre en Arabie saoudite durant des semaines avant de revenir le 24 février incognito dans son pays.

Son état de santé était resté tellement secret que M. Jonathan avait reconnu publiquement n'avoir même pas été autorisé par son épouse Turai Yar'Adua à lui rendre visite.

Des chefs religieux avaient pu aller le voir cependant début avril, mais n'avaient rien indiqué sur son état de santé.

Umaru Yar'Adua avait été élu en 2007, succédant à Olusegun Obasanjo qui l'avait désigné comme son successeur au sein du Parti démocratique du Peuple (PDP). Il a toujours été de santé fragile.

En pleine campagne électorale, il avait été exfiltré en catastrophe vers l'Allemagne pour y recevoir des soins, et depuis son élection il avait effectué au moins quatre séjours de santé à l'étranger.

La longue absence et la pénurie d'informations quant à l'état du président avaient fait place aux spéculations, certains évoquant même un coma ou son décès.

Il n'a donné qu'un seul signe de vie depuis son départ, lors d'un entretien à la radio britannique BBC, le 12 janvier.

Pour éviter que le 8e exportateur de pétrole ne plonge dans le chaos, le parlement avait fini par demander au vice-président d'assurer temporairement la présidence, M. Yar'Adua ne lui ayant pas formellement transmis les pouvoirs exécutifs avant de partir.

Depuis, malgré les efforts de M. Jonathan, les membres du PDP sont à couteaux tirés en prévision des élections générales de l'an prochain où chacun essaie de se placer.

Les tensions sont telles que le président par intérim a dû fin avril sommer ses pairs du PDP de «serrer les rangs» plutôt que d'étaler leurs dissensions.

M. Jonathan, un ancien gouverneur issu du sud pétrolier, une première au Nigeria, ne devrait pas être le prochain candidat selon un règlement interne au parti: chaque président élu doit être choisi pour un second mandat, soit huit ans, en alternance entre le nord et le sud de la fédération.

M. Yar'Adua étant du nord, un candidat de cette région devrait être choisi pour lui succéder.

Mais au sein du parti, nombre de «réformateurs» n'ont pas dit leur dernier mot. Une campagne d'affichages à l'effigie de Goodluck Jonathan a déjà envahi Abuja.

La mort de Yar'Adua survient à un moment difficile pour le Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique avec 150 millions d'habitants.

Des violences inter-communautaires ont fait des centaines de morts depuis le début de l'année dans le centre du pays, tandis que l'amnistie promise aux rebelles du sud pétrolier, le Delta du Niger, par le président défunt tarde à donner ses effets, relançant les attaques contre la principale source de devises du pays.