Des rebelles islamistes somaliens se sont emparés dimanche sans rencontrer de résistance d'un des principaux repaires de pirates du pays, le port d'Harardere, au nord de Mogadiscio, ont déclaré des habitants.

Ce petit port de pêche est depuis deux ans une des plus grandes base de flibustiers de Somalie, devançant Eyl plus au nord. Il est devenu une des «capitales» mondiales de la piraterie alors qu'une attaque sur deux de bateaux dans le monde survient au large de la Somalie malgré la présence de bateaux de guerre de plusieurs pays.

Des combattants du groupe Hezb Al-Islam qui progressaient depuis plusieurs semaines ont pris la ville, à quelque 500 km de Mosgadiscio, que les flibustiers avaient fuie, selon des témoins.

«Les pirates ont vidé la ville ce matin après avoir été informés que les islamistes allaient y pénétrer. J'ai vu des militants lourdement armés entrer dans la ville sur une dizaine de véhicules armés», a raconté un habitant, Abdulkadir Hasan, joint par téléphone par l'AFP. «Il n'y a pas eu de combats», a ajouté cet «ancien».

Selon d'autres témoins, les miliciens se sont emparés du poste de police et de différentes positions ainsi que de plusieurs bases de pirates.

«Cinq véhicules armés environ ont pris des positions de pirates près de la côte. Ils ont arrêté plusieurs personnes qu'ils soupçonnaient être des pirates mais les ont relâchés plus tard», a dit Adan Nur, un habitant.

Dépourvue de gouvernement central, la Somalie est en proie à une guerre civile depuis 1991 entre un gouvernement de transition affaibli et des groupes islamistes. Le principal, les Shebab, a fait allégeance à Al-Qaeda. Le Hezb Al-Islam qui a pris Harardere est plus petit.

Les insurgés contrôlent la quasi-totalité du centre et du sud du pays et une partie de la capitale. Ils veulent renverser le gouvernement du président Cheikh Sharif Ahmed pour instaurer un État islamique.

L'avancée des rebelles islamistes sur Harardere survient alors que la communauté internationale lutte contre la piraterie au large de la Somalie.

Une flottille de navires de guerre de différents pays patrouille depuis plus d'un an dans le golfe d'Aden, mais outre la difficulté de surprendre les pirates, il est aussi compliqué de les faire juger.

Fin avril les pirates somaliens détenaient 23 navires étrangers et 384 marins dans l'attente de rançons, selon une organisation de surveillance, Ecoterra.

Le bureau international maritime a de son côté rapporté une baisse du nombre de bateaux saisis au premier trimestre avec 67 incidents contre 102 l'an dernier à la même période.

Les islamistes qui toléraient les pirates se sont retournés récemment contre eux après qu'ils eurent commencé à s'en prendre à des navires somaliens qui apportaient des vivres à la population.

Un porte-parole des Shebab, cheikh Ali Mohamud Rage, avait annoncé le mois dernier «une action immédiate contre ces gangs» mais sans coopérer avec les flottes internationales.

Les violences se poursuivent par ailleurs dans le pays. Samedi, une explosion a fait 32 morts, selon un nouveau bilan, sur un marché et dans une mosquée d'un quartier de la capitale tenu par les insurgés, Bakara.

La double explosion dont l'origine n'a pas été déterminée constitue l'acte de violence les plus meurtriers en cinq mois.

Les rebelles ont promis des représailles.

«Le peuple musulman de Somalie doit combattre les troupes de l'Union africaine de la force d'occupation en utilisant les moyens à leur disposition, y compris les attentats suicide», a déclaré un responsable des Shebab, cheikh Fu'ad Mohamed Khalaf, alias Fu'ad Shongole, qui aurait été visé.