Le dialogue intermalgache a débuté pour de bon jeudi soir avec la première rencontre à Pretoria entre l'homme fort du pays Andry Rajoelina et le président évincé Marc Ravalomanana en vue de former un gouvernement d'union chargé d'organiser au plus vite des élections.

Le chef de la médiation Joaquim Chissano avait durant les deux premiers jours de discussions rencontré séparément les deux hommes. Ces derniers ont fini par se retrouver jeudi à la table des négociations en présence du président sud-africain Jacob Zuma et du président de la Commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping.

«Il y a des progrès, ça se passe bien», a déclaré après la rencontre le chef de la médiation, précisant que les discussions reprenaient vendredi. A l'issue de cette première réunion plénière, Marc Ravalomanana s'est dit «très optimiste» tandis qu'Andry Rajoelina a souligné qu'il n'y avait «pas trop» de progrès, sans donner plus de précisions.

La base de leurs discussions portait sur un pré-accord établi par l'Afrique du Sud et la France, représentée à Pretoria par son secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet.

Ce texte, consulté par l'AFP, prévoit la constitution d'un gouvernement d'union nationale afin d'organiser des législatives entre juillet et septembre. A l'issue de ces élections, un gouvernement serait formé au prorata du nombre d'élus de chaque mouvance au nouveau Parlement. Cette période de transition prendra fin avec la tenue d'une élection présidentielle.

Seule une Commission électorale indépendante serait créée pour encadrer ces élections, les autres institutions prévues dans les précédents accords ayant été abandonnées.

Andry Rajoelina s'est dit prêt dès le début des discussions à signer cet accord. Marc Ravalomanana, qui vit aujourd'hui en exil en Afrique du Sud, a de son côté réitéré sa volonté de parvenir à «des élections libres, transparentes et fiables» mais plusieurs points de désaccord subsistaient entre les deux hommes.

Selon Fetison Andrianirina, chef de la délégation de M. Ravalomanana, les discussions bloquaient notamment sur la question de l'amnistie du président évincé, condition préalable à son retour à Madagascar.

M. Ravalomanana a été condamné en juin 2009 à quatre ans de prison par un tribunal malgache pour «conflits d'intérêts» dans l'achat fin 2008 d'un avion présidentiel qui avait cristallisé l'opposition à son régime et contribué à sa chute.

Le calendrier électoral proposé pour la transition est également un point de dissension selon M. Andrianirina, dont le camp souhaite que l'élection présidentielle ait lieu avant les législatives, contrairement au calendrier du pré-accord.

Le but de ces négociations, auxquelles participent également les anciens présidents malgaches Didier Ratsiraka et Albert Zafy, est de sortir Madagascar de la grave crise politique dans laquelle le pays s'enfonce depuis fin 2008. Des manifestations violentes avaient conduit à l'éviction en mars 2009 de M. Ravalomanana et à son remplacement par M. Rajoelina, soutenu par l'armée.

Le nouveau régime n'a pas été reconnu par les organisations internationales et plusieurs séances de négociations ont eu lieu pour tenter de sortir de l'impasse.

Mais les accords de sortie de crise à Maputo et Addis Abeba ont été rendus caducs en décembre 2009 par la décision d'Andry Rajoelina de révoquer le Premier ministre de consensus pour nommer un militaire de son choix.

Depuis, l'impatience de l'armée a grandi et la situation économique s'est effondrée avec la suppression des aides internationales et les sanctions de l'Union africaine (UA) contre le régime, accusé d'entraver le processus de sortie de crise.