Deux partisans d'une candidate battue lors de l'élection au poste de gouverneur de l'État pétrolier d'Unité, au Sud-Soudan, ont été tués vendredi soir par la police, premiers morts liés à l'annonce des résultats des élections dans le plus grand pays d'Afrique.

La commission électorale avait annoncé peu auparavant la réélection du gouverneur sortant de l'Etat d'Unité, Taban Deng, candidat du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rébellion sudiste), face à Angelina Teny, une membre du SPLM qui s'était présentée en indépendante, ce qui avait fait des vagues au sein des ex-rebelles.

Selon des sources concordantes, M. Deng avait annoncé sa victoire à l'antenne de la radio publique à Bentiu, capitale de l'État, situé à la lisière du Nord-Soudan.

«Les supporters d'Angelina se sont alors précipités vers l'antenne de la radio publique dans le but de détruire la station. La station était gardée par la police qui a ouvert le feu sur les manifestants en légitime défense», a dit à l'AFP un responsable des services de sécurité sous couvert de l'anonymat.

«Deux personnes ont été tuées et une troisième a été blessée», a ajouté cette source, précisant qu'Angelina Teny et son mari, le vice-président du Sud-Soudan Riek Machar, étaient intervenus afin de calmer leurs partisans.

Il s'agit des deux premiers décès liés à l'annonce des résultats des scrutins qui ont eu lieu du 11 au 15 avril, premières élections -législatives, régionales et présidentielle- multipartites depuis 1986 au Soudan.

«Il ne s'agit pas d'une victoire (de Taban Deng). Angelina Teny avait une avance de 24 000 voix, c'est elle qui devait être désignée gagnante», a dit à l'AFP, Yohanis Pouk, porte-parole de la campagne d'Angelina Teny.

«Nous étions en état de choc lorsque Taban Deng a annoncé sa victoire. Une foule s'est précipitée vers la radio et Taban Deng a ordonné au SPLA (armée sudiste) d'ouvrir le feu. Deux personnes sont mortes sur le champ et quatre autres ont été transportées à l'hôpital», a-t-il ajouté.

Aucune confirmation officielle du bilan n'a pu être obtenue dans l'immédiat.

L'État d'Unité est l'une des principales régions pétrolifères du Soudan, plus grand pays d'Afrique dont la production avoisine 480 000 barils par jour.

La commission électorale dévoile au compte-gouttes les résultats de ce scrutin qui devrait reconduire au pouvoir le président Omar el-Béchir, accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour région de l'ouest du Soudan en proie à la guerre civile.

La commission électorale soudanaise a aussi annoncé vendredi la victoire du Parti du Congrès national (NCP) de M. Béchir pour les postes de gouverneurs du Darfour-Nord et du Darfour-Ouest.

Les résultats de l'élection régionale dans le troisième État du Darfour, le Darfour-Sud, n'ont pas encore été dévoilés.

Aussi, Moussa Hilal, un des leaders présumés des milices arabes janjawids, a été élu député de l'Assemblée nationale pour la région du Darfour-Nord, a indiqué la commission.

Le conflit civil au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan, a fait 300 000 morts depuis 2003 selon les estimations de l'ONU -10 000 d'après Khartoum- et 2,7 millions de personnes déplacées.

Le conflit au Darfour opposait à ses débuts deux mouvements rebelles aux forces soudanaises appuyées par les milices arabes janjawids, mais il s'est depuis complexifié: la rébellion s'est fragmentée en une pléthore de mouvements, le banditisme s'est propagé et des tribus arabes remettent en cause leur allégeance au gouvernement.