Un militaire ivoirien soupçonné par des juges français d'avoir dirigé le commando responsable de la disparition en 2004 à Abidjan du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer doit être remis en liberté vendredi, a-t-on appris jeudi de sources judiciaires.

La chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris a confirmé la non-prolongation de la détention provisoire de Jean-Tony Oulaï après deux ans et demi passés en prison.

Le militaire avait été mis en examen le 13 janvier 2006 pour enlèvement et séquestration et placé en détention provisoire le 17 octobre 2007 après avoir violé le contrôle judiciaire qui lui était imposé.

En matière criminelle, la détention provisoire ne peut excéder trois ans. La remise en liberté de Jean-Tony Oulaï est assortie d'un contrôle judiciaire qui lui impose notamment de ne pas quitter la France et de se présenter une fois par semaine au commissariat.

«Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette remise en liberté est pour nous extrêmement positive», a déclaré Me Alexis Gublin, avocat des parties civiles, au cours d'une conférence de presse.

«Les juges d'instruction allaient devoir clôturer leur dossier compte-tenu des impératifs de procédure liés à la détention provisoire de Jean-Tony Oulaï», a-t-il expliqué. «Maintenant, nous sommes libres, nous n'avons plus d'échéance, de nombreuses investigations vont pouvoir être menées à leur terme».

L'avocat de Jean-Tony Oulaï, Me Patrick Maisonneuve, n'a pu être joint dans l'immédiat.

Journaliste indépendant, Guy-André Kieffer a disparu le 16 avril 2004 sur un parking d'Abidjan alors qu'il enquêtait sur des malversations, notamment dans la filière cacao, principale richesse du pays. Son corps n'a jamais été retrouvé.

L'enquête menée en France s'est orientée vers des proches du président ivoirien Laurent Gbagbo. Ce dernier dénonce une «politisation» de l'enquête française.