La commission électorale soudanaise (NEC) a annoncé mardi un gel du scrutin dans des circonscriptions ayant connu des problèmes techniques depuis le début des premières élections multipartites en près d'un quart de siècle, marquées par une participation qui s'essouffle.

«Nous avons décidé de geler le travail dans quelques circonscriptions en raison de problèmes techniques», a déclaré Abdallah Ahmed Abdallah, vice-secrétaire général de la NEC, sans préciser ces problèmes techniques ni le nombre ou l'identité des circonscriptions.

Dimanche, à l'ouverture du scrutin, des électeurs avaient voté pendant quelques heures sur les mauvaises listes électorales dans plusieurs bureaux, alors que dans d'autres circonscriptions les noms de tous les candidats aux législatives n'apparaissaient pas sur les bulletins de vote.

La NEC a annoncé lundi une prolongation jusqu'à jeudi du scrutin national, qui devait se terminer mardi, en raison de problèmes logistiques qui ont rendu impossible le bon déroulement du scrutin dans plusieurs régions du Soudan.

«Je pense que ces deux jours supplémentaires devraient suffire», a dit à l'AFP l'ex-président américain Jimmy Carter, dont la fondation observe le processus électoral en cours au Soudan. Ces élections étaient déjà entachées par des accusations de fraude formulées par une partie de l'opposition, qui a boycotté le scrutin.

«Il n'y pas de preuve de fraude jusque-là, à ce que je sache... Il est encore tôt pour juger de l'intégrité du processus entier», a ajouté M. Carter qui effectuait une tournée des bureaux de vote au Sud-Soudan, où la situation semblait tendue par endroits.

Lam Akol, seul opposant au président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, Salva Kiir, a accusé mardi l'armée sudiste d'être à l'origine de la mort de deux électeurs dans l'État d'Unité. Cette information n'a pas pu être confirmée de source indépendante ou auprès de l'armée.

Les électeurs votaient au compte-gouttes mardi après deux premiers jours où le taux de participation a oscillé entre 40% et 67%, a indiqué la NEC en se basant sur les estimations dans sept des 25 États du Soudan.

«Il n'y a plus de pression maintenant en raison de la prolongation. Les gens peuvent prendre leur temps», a dit à l'AFP Salwa al-Amir, 56 ans, une hôtesse de l'air à la retraite, rencontrée dans un bureau de vote près du centre-ville de Khartoum.

«Les gens savent qu'ils ont encore deux jours. Peut-être que tout le monde va finir par voter», a espéré Yasser Abdallah, responsable d'un bureau de vote dans la capitale, où les vendeurs ambulants offraient aux automobilistes des drapeaux soudanais ornés de la photo du président Béchir ou des effigies le représentant.

Seize millions de Soudanais sont appelés à voter pour ces premières élections - législatives, régionales et présidentielle - multipartites depuis 1986. Elles devraient reconduire au pouvoir le président Omar el-Béchir, après le retrait de ses principaux adversaires.

Auteur d'un coup d'État militaire en juin 1989 soutenu par les islamistes, le raïs soudanais est depuis un an sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) qui l'accuse de crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du pays en proie depuis sept ans à une guerre civile complexe.