Les autorités soudanaises ont annoncé lundi la prolongation de deux jours des premières élections multipartites depuis 24 ans qui, après avoir été minées par des accusations de fraude, sont ébranlées par d'importants problèmes logistiques.

«Le vote a été prolongé de deux jours dans l'ensemble du Soudan», a dit à l'AFP le porte-parole de la commission électorale, Salah Habib, sans expliquer les raisons de cette décision. Le scrutin, qui a commencé dimanche, devait initialement se terminer mardi. Après une première journée placée sous le signe du chaos technique et de la confusion parmi la population, des ratés persistaient dans différentes régions du plus grand pays d'Afrique.

«Nous avons eu la chance de visiter 20 bureaux de vote ce matin et nous en visiterons d'autres demain. Il y a de sérieux problèmes avec le processus électoral dans certains bureaux où il est difficile pour les électeurs de trouver leur nom sur les listes», a souligné l'ancien président américain Jimmy Carter, dont la fondation observe le processus électoral en cours.

M. Carter a estimé que la crédibilité des élections dépendraient de la correction de ces erreurs.

«Il y a peu de doutes qu'il y aura une prolongation de la période de scrutin», a-t-il pronostiqué à l'issue d'un entretien à Juba (sud) avec Salva Kiir, président du Sud-Soudan semi-autonome.

Le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) de Salva Kiir avait demandé dimanche soir une prolongation du scrutin de quatre jours, alors que des responsables du Parti du congrès national (NCP) du président soudanais Omar el-Béchir évoquaient une prolongation, si nécessaire, de trois jours.

Depuis dimanche des bureaux ont ouvert en retard, d'autres pas du tout, certains n'avaient pas reçu de bulletins de vote ou des bulletins correspondant à une autre circonscription. Ailleurs, des listes d'électeurs n'ont pas été livrées dans les bons bureaux de vote.

«Nous n'avons pas de solution, nous leur avons demandé d'aller voir la commission électorale», a dit à l'AFP Mukhtar Béchir, responsable d'un bureau de vote dans le quartier Amarat de Khartoum.

Dans certains villages de la région orientale de Kassala, le scrutin a commencé seulement lundi mais les bureaux de vote ont été déplacés sans que la population en soit avertie, a indiqué à l'AFP Mazoub Abou Moussa, candidat pour le poste du gouverneur local pour le Parti unioniste démocrate (DUP).

Dans un bureau de Juba-Sud, dans les environs de la capitale semi-autonome du Sud-Soudan, le vote n'avait toujours pas commencé lundi, selon un journaliste de l'AFP.

Dans l'État frontalier de Warrap, Bona Malwal, le chef des Forces démocratiques du Sud-Soudan, un petit parti d'opposition sudiste réputé proche du président Béchir, a retiré lundi sa candidature, accusant l'armée du Sud-Soudan d'avoir pris le contrôle de centres de vote.

Selon des sources concordantes, la situation était aussi tendue dans l'État sudiste du Bahr al-Ghazal Nord, frontalier du nord du pays.

Au total 16 millions de Soudanais doivent participer à ces élections complexes qui devraient reconduire au pouvoir le président Béchir. Auteur d'un coup d'État militaire en juin 1989 soutenu par les islamistes, il est depuis un an sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) qui l'accuse de crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour (ouest).