Les partis politiques soudanais appelaient vendredi leurs partisans à la mobilisation avant les élections de dimanche, au dernier jour d'une campagne dominée par le président Omar el-Béchir, assuré de sa réélection, dont la formation vise la suprématie à l'Assemblée nationale.

«Nous construisons des routes jusqu'à El-Geneina (Darfour, ouest), et nous avons construit une route jusqu'à la frontière avec l'Ethiopie (est). Nous ne nous concentrons pas sur une seule région, nous faisons du développement équilibré», a lancé le président Béchir pour sa dernière réunion de campagne, à Dalgo, en Nubie (nord).

«Ce sont des projets concrets, ce n'est pas de la publicité», a-t-il assuré dans un discours diffusé par les chaînes privées soudanaises.

Omar el-Béchir, qui avait pris le pouvoir en 1989 à la faveur d'un coup d'État militaire soutenu par les islamistes, terminait vendredi un marathon électoral qui l'a mené ces dernières semaines au Sud-Soudan, au Darfour, à Kassala (est) et dans les régions nubiennes.

À chaque étape, il a annoncé des mesures pour la population locale et bénéficié d'un important battage médiatique, soulevant ainsi l'ire de l'opposition qui l'accuse de monopoliser les moyens de l'État à son profit.

Agé de 66 ans, M. Béchir compte sur les élections, prévues sur trois jours, pour regagner en légitimité, plus d'un an après le mandat d'arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région en proie à la guerre civile.

Mais ce scrutin sera boycotté par une grande partie de l'opposition, dont le parti Umma de l'ex-premier ministre Sadek al-Mahdi, qui dénonce des élections truquées, et -partiellement- par les ex-rebelles sudistes du SPLM dont le candidat et principal opposant à Béchir, Yasser Arman, s'est retiré.

«Ces élections ne portent pas sur les crises (Darfour, liberté d'expression, etc...) en cours au Soudan. Les choses seront encore pire après les élections», a asséné vendredi M. Arman.

L'opposition souhaitait le report des élections. Mais la commission électorale (NEC) a rejeté cette demande jeudi, affirmant que tout était «prêt».

«Nous n'avons aucune raison d'être préoccupés (sur la logistique). Il se pourrait que des bulletins se rendent un peu plus tard dans des bureaux de vote isolés. Mais les gens auront quand même trois jours pour voter, minimum», a déclaré vendredi l'ex-président américain Jimmy Carter dont la fondation observe le processus électoral.

Le candidat du Parti unioniste démocrate (DUP) Hatim al-Sir, devenu le principal adversaire du président Béchir en raison des boycotts, rencontrait vendredi les électeurs dans l'État du Nil, au nord de Khartoum.

M. Sir, qui n'a pratiquement aucune chance de l'emporter, veut obtenir de bons scores dans les autres scrutins. Car si l'issue de la présidentielle est déjà connue, des surprises pourraient survenir pour l'élection des députés de l'Assemblée nationale et celle des gouverneurs des 25 États du Soudan.

Le Parti du congrès national (NCP) du président Béchir détient actuellement 52% des sièges de l'Assemblée et a le pouvoir de nommer les gouverneurs des États du Nord-Soudan. Il souhaite consolider son assise au Parlement et maintenir ses acquis dans le Nord, les régions du Sud étant contrôlées par les ex-rebelles du SPLM.

Le Sud-Soudan tient aussi de dimanche à lundi des élections, notamment celle du président de cette région semi-autonome qui doit tenir en janvier 2011 un référendum sur son indépendance. Le président sortant et chef du SPLM, Salva Kiir, a tenu vendredi un rassemblement devant quelques centaines de supporters à Juba, la capitale du Sud, selon un photographe de l'AFP sur place.