Le principal opposant au président soudanais Omar el-Béchir, Yasser Arman, le candidat des ex-rebelles sudistes, s'est retiré de la course à la présidentielle du 11 avril, dont l'issue est désormais sans surprise.

«Le SPLM a retiré son candidat de la course à la présidentielle», Yasser Arman, a déclaré Riek Machar, ténor du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) et vice-président du Sud-Soudan, lors d'une conférence de presse à Khartoum.

«Le bureau politique du SPLM a discuté aujourd'hui des problèmes du pays et des élections et a décidé de boycotter le processus électoral au Darfour parce qu'il y a la guerre au Darfour et l'état d'urgence», a ajouté M. Machar.

Le bureau politique du SPLM avait tenu une réunion mercredi à Juba, la capitale du Sud-Soudan afin de discuter de la situation politique au Soudan où les grands partis d'opposition demandent un report des élections d'avril et menacent de boycotter le scrutin.

Yasser Arman, un musulman laïque originaire du Nord-Soudan, était considéré comme l'un des principaux adversaires de M. Béchir avec Sadek al-Mahdi, ancien premier ministre et chef du parti Umma (nationaliste) lors de cette élection, premier scrutin multipartite au Soudan depuis 1986.

Lundi, il avait accusé le Parti du congrès national (NCP du président Béchir) de faire «tout ce qui est en son pouvoir pour falsifier la présidentielle».

Son retrait fait de M. Béchir le grand favori de la présidentielle.

«S'il y a une élection, ce sera une catastrophe pour le Soudan», a déclaré mercredi à la presse Farouq Abou Issa, porte-parole du «consensus national», un regroupement de partis d'opposition, à l'issue d'une réunion commune à Omdurman, ville jumelle de Khartoum.

«Nous réaffirmons l'importance d'un report des élections jusqu'en novembre afin de tenir des élections libres et justes (...). Un simulacre d'élection causera plus de problèmes qu'autre chose au Soudan», a renchéri Mariam al-Mahdi, responsable du parti Umma (nationaliste).

L'opposition affirme que les conditions pour un scrutin «libre» et «équitable» ne sont pas réunies et que l'insécurité au Darfour ne permet pas la tenue d'un scrutin.

Le SPLM s'était engagé à demeurer solidaire de l'opposition si celle-ci décidait de boycotter le scrutin au Nord-Soudan (y compris au Darfour), mais ne peuvent se permettre de compromettre le référendum-clé de janvier 2011 sur la sécession du Sud-Soudan.

«Si le SPLM rejette les élections, nous allons rejeter le référendum», avait prévenu cette semaine M. Béchir dont le parti avait demandé au SPLM en début de campagne de retirer la candidature de M. Arman en échange de quoi il n'allait pas opposer de candidat à Salva Kiir, président du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont exprimé mercredi leur inquiétude «concernant des informations faisant état de difficultés administratives et logistiques, mais aussi d'atteintes aux libertés politiques».

«Nous exhortons toutes les parties au Soudan à travailler d'urgence pour faire en sorte que les élections puissent se dérouler de manière pacifique et crédible», ont déclaré dans un communiqué commun les chefs de la diplomatie américaine Hillary Clinton, britannique David Miliband et norvégien Jonas Store.

Yasser Arman avait milité au sein de la mouvance communiste au début des années 1980 avant de s'engager dans la rébellion sudiste. Ce tribun est devenu une figure importante du SPLM à l'Assemblée nationale après la fin de la guerre civile Nord-Sud.