Un navire des garde-côtes des Seychelles a mené lundi une opération audacieuse contre des pirates somaliens dans l'océan Indien, ouvrant le feu sur leur embarcation pour libérer 27 otages iraniens et seychellois.

Six pêcheurs seychellois avaient été capturés la semaine dernière par des pirates somaliens au sud-est de l'archipel, puis transférés peu après sur un boutre iranien déjà aux mains des pirates, avec un équipage de 21 Iraniens, a rappelé le ministre des Transports de l'archipel, Joël Morgan.

«Nous avons eu la confirmation de ces informations hier (dimanche) vers 9H00 (0H11 HNE). Nous avons alors mis en place une mission de secours», a expliqué le ministre, également en charge de la lutte contre la piraterie dans l'archipel.

L'unique navire des garde-côtes de Seychelles, le Topaz, s'est rendu à la rencontre de l'embarcation des pirates, à environ 255 milles nautiques au nord-est de Mahé, alors que ceux-ci se dirigeaient vers la Somalie.

Les pirates, qui sont au moins neuf, ont ignoré des appels radio des gardes-côtes puis des tirs de semonce, selon M. Morgan.

«Nous avons pris la décision d'ouvrir le feu sur le compartiment moteur (...) Nous avons continué l'opération jusqu'à obtenir ce que nous voulions, mettre le feu au moteur», a-t-il ajouté.

Toutes les personnes à bord ont alors sauté à l'eau, et personne n'a été blessé, a affirmé le ministre : «nous avons récupéré les six Seychellois, les 21 Iraniens sont également en train d'être secourus, et les Somaliens le seront aussi».

Dans un communiqué transmis à l'AFP, le président seychellois James Michel a toutefois précisé qu'un marin iranien avait été blessé par balle au bras.

Ces douze derniers mois, les pirates somaliens ont délaissé le golfe d'Aden, patrouillé par de nombreux bâtiments de guerre étrangers, pour lancer des attaques très loin de leurs côtes, notamment à proximité des Seychelles.

Ils ont récemment repris de plus belle leurs activités, mettant à profit la fin de la mousson d'hiver et des conditions de navigation plus clémentes pour multiplier les abordages à plusieurs centaines de kilomètres de leurs côtes.

Lundi, un groupe de pirates somalien a capturé un navire battant pavillon panaméen, le MV Iceberg I et ses 24 membres d'équipage, à proximité immédiate des côtes yéménites, portant à 17 le nombre de navires sous leur contrôle et plus de 200 les marins retenus otages.

Les Seychelles, dont l'économie repose essentiellement sur le tourisme et la pêche industrielle au thon, ont enregistré plusieurs captures de leurs navires depuis 2008 et ont depuis pris des mesures de lutte antipiraterie, avec le soutien de la communauté internationale.

«Nous étions déterminés à ce que ce genre d'incidents ne se répètent pas et il était important que le navire ne soit pas autorisé à gagner la Somalie», a expliqué M. Michel dans son communiqué.

Les opérations militaires contres des pirates ayant déjà pris le contrôle d'un navire sont rares, en raison du risque qu'elles font peser sur les otages.

«C'est en ligne directe avec la nouvelle loi passée aux Seychelles qui nous permet d'aller poursuivre des pirates (au delà de la Zone exclusive économique) et aujourd'hui, cela a été réalisé sans perte de vie humaine», a estimé M. Morgan.

«Nous leur (les pirates) avons montré que nous ne les laisserons plus s'en tirer aussi facilement», a-t-il ajouté.

L'opération, conduite par le Topaz, s'est déroulée avec l'appui d'un avion de patrouille maritime de l'Union européenne.