Des milliers de personnes visitaient jeudi près de Kampala le mausolée des Kabakas, puissants souverains traditionnels du sud de l'Ouganda, détruit mardi soir par un incendie et que le gouvernement ougandais s'est engagé à reconstruire.

Les policiers et militaires déployés la veille sur le site pour empêcher toute manifestation ont été retirés afin de faciliter l'accès du mausolée aux nombreux visiteurs, simples curieux ou partisans en larmes du royaume du Buganda.

Inscrit depuis 2001 au patrimoine mondial de l'Unesco, le mausolée de Kasubi abrite les tombes des Kabakas (rois) du Buganda, premier des royaumes coutumiers du pays, sur une riche région bordant le lac Victoria, dont l'Ouganda contemporain tire son nom.

L'incendie, aux causes encore inconnues, a suscité mercredi des manifestations de colère de la population qui ont été réprimées par les forces de l'ordre.

Deux personnes, qui tentaient avec d'autres manifestants d'empêcher la visite sur place du président Yoweri Museveni, ont été tuées, selon l'armée, et au moins neuf blessés selon la Croix-Rouge.

La situation est revenue à la normale jeudi dans toute la capitale, a-t-on constaté.

«Oh mon Dieu, pourquoi avoir laisser faire cela?», s'écriait Gertrude Namutebi, 76 ans, les mains vers le ciel en prière devant le mausolée endommagée. «Nous ne méritions pas cela. Pourquoi?», lançait-elle entre deux sanglots.

Des centaines de volontaires ont pris part au déblaiement des débris qui bloquent l'entrée du bâtiment sinistré, dont les parties de bois, de chaume et de roseaux ont été ravagées par l'incendie.

Une bulldozer a été utilisé pour les travaux et pour dégager les restes de la charpente menaçant de faire écrouler les murs de briques encore debout.

Entouré d'une foule de ses partisans, l'actuel Kabaka du Buganda, Ronald Muwenda Mutebi II, avait visité les lieux mercredi, versant brièvement des larmes sur les tombeaux endommagés de ses ancêtres.

«Les restes des quatre souverains sont intacts», même si les coffrages de verre des pierres tombales ont été endommagés par les flammes, a précisé jeudi à l'AFP le premier ministre du royaume, John Baptist Walusimbi.

Le président Museveni, qui a ordonné une enquête, s'est engagé à financer la reconstruction du mausolée, selon son porte-parole Tamale Mirundi.

«C'est une grande perte pour la culture ougandaise et il (le président Museveni) a décidé que le gouvernement reconstruirait le site», a affirmé M. Mirundi.

Mercredi, l'Unesco s'était dite prête à participer à la réhabilitation du mausolée de Kasubi.

Très influents économiquement et politiquement, les Bagandas, une des principales tribus ougandaises, sont viscéralement attachés à leur royauté, et vénèrent aujourd'hui Ronald Muwenda Mutebi II, symboliquement rétabli dans ses droits en 1993 par le président Museveni, au pouvoir depuis 1986.