L'Union africaine a décidé mercredi d'imposer des sanctions à l'actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina, un an après sa prise de pouvoir, ainsi qu'à une centaine d'autres personnalités de son régime pour leur entrave au processus de sortie de crise.

«La liste comprend 109 noms, y compris celui de Rajoelina et de ses partenaires clé», a expliqué le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra. «Les sanctions comprennent des refus de visas (interdiction de voyager), le gel d'avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers et des refus d'accréditation», a-t-il ajouté.

«Cela ne cible que le camp de Rajoelina. Principalement le gouvernement, les hautes autorités, des membres des forces armées, des tribunaux (...)», a précisé le commissaire de l'UA, ajoutant que des sociétés pourraient bientôt faire également l'objet de sanctions.

Cette décision intervient au lendemain de l'expiration d'un ultimatum de l'UA: l'organisation continentale et plus largement la communauté internationale exigeaient, sous peine de sanctions ciblées, l'application d'accords consensuels signés à Maputo et à Addis Abeba courant 2009 et prévoyant un partage du pouvoir entre les quatre mouvances impliquées dans la sortie de crise.

M. Rajoelina est sorti de ce cadre depuis décembre en limogeant le premier ministre de consensus et en annonçant unilatéralement la tenue prochaine d'élections législatives.

Des hommes politiques proches de M. Rajoelina ont assuré à l'AFP que ces sanctions n'auraient pas d'effet pas sur son action et qu'elles n'étaient pas propices à la reprise du dialogue. Ils ont réitéré leur détermination à organiser rapidement des élections.

«On n'humilie pas quelqu'un si on veut continuer à négocier avec lui», a notamment estimé Manasse Esoavelomandroso, président du parti «Leader Fanilo» proche de Rajoelina. «Il faut maintenir les décisions prises et organiser des élections au plus vite», a-t-il assuré.

De son côté, le président Marc Ravalomanana a «imploré» son adversaire Rajoelina «de travailler avec toutes les parties malgaches et avec la communauté internationale pour restaurer la démocratie à Madagascar et alléger les souffrances de la population».

Madagascar est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008, qui a conduit à l'éviction en mars 2009 du président Marc Ravalomanana et à son remplacement par son principal opposant et ancien maire d'Antananarivo M. Rajoelina, soutenu par l'armée.

La crise et l'impasse politique actuelles ont également entraîné la suspension de l'aide, vitale, des bailleurs de fonds et enfoncé un pays figurant parmi les plus pauvres de la planète dans une crise économique persistante.

«Nous pensons que les sanctions constituent un moyen d'aider les autorités à renouer avec les vertus du dialogue et de la négociation», a expliqué mercredi M. Lamamra.

«J'espère qu'elles auront pour effet d'encourager la sagesse. Aucune partie unilatérale n'est capable de résoudre la crise à elle seule», a-t-il estimé.

Mercredi matin, les forces de l'ordre ont dispersé à Antananarivo des petits groupes de manifestants opposés au régime de M. Rajoelina, un an jour pour jour après l'éviction de M. Ravalomanana.

Le 17 mars 2009, sous la pression de la rue, Marc Ravalomanana avait remis ses pouvoirs à un directoire militaire qui les avait confiés dans la foulée à Andry Rajoelina, au terme d'un mouvement de contestation populaire entamé fin 2008 par l'ex-maire de la capitale.