Le principal groupe armé du sud du Nigeria a fait exploser deux bombes lundi à l'ouverture d'une conférence à Warri consacrée à l'amnistie dans cette région pétrolière, et a annoncé de futures attaques, notamment contre le groupe français Total.

Le bilan de cet attentat n'était pas établi avec certitude, une source officielle ayant évoqué un mort et plusieurs blessés, mais sans confirmation de l'armée et de la police.

Plusieurs barrages militaires ont été installés dans la ville après les explosions qui se sont produites au moment où s'ouvrait une conférence réunissant des centaines de participants au siège du gouvernement local à Warri.

Dans un communiqué publié dans la matinée, le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger avait annoncé avoir posé des bombes et ordonné l'évacuation de la zone de la conférence.

Les autorités de l'État du Delta ont dénoncé un «acte de lâcheté».

Ces attentats surviennent dans un contexte particulièrement tendu au Nigeria. Le président Umaru Yar'Adua, hospitalisé en Arabie saoudite pendant trois mois, est invisible depuis son retour le 23 février.

Le pays le plus peuplé d'Afrique avec environ 150 millions d'habitants, maintenant dirigé à titre intérimaire par le vice-président Goodluck Jonathan, a été secoué la semaine dernière par des violences intercommunautaires meurtrières dans l'État du Plateau (centre).

Selon une journaliste de l'AFP présente à la conférence, une explosion, distante, a retenti peu après 11H00 (4H00 HNE). Une autre, qui semblait bien plus proche, s'est produite environ 20 minutes plus tard, au moment où les participants pénétraient dans la salle, au siège du gouvernement local.

Selon des sources officielles, les engins explosifs avaient été placés dans ou à proximité de voitures garées dans le périmètre.

«Je pense que l'intention est claire: il s'agit de faire échouer les discussions», a déclaré à l'AFP Limus Chima, le porte-parole du gouverneur de l'État du Delta, Emmanuel Uduaghan, présent sur les lieux.

Les gouverneurs des neuf États du Delta du Niger, région en proie aux violences et où sont implantées de nombreuses majors pétrolières, étaient conviés à cette conférence intitulée «Restauration de l'Espoir dans le delta du Niger», organisée par le quotidien Vanguard.

Le président Yar'Adua a offert l'amnistie aux groupes armés il y a environ six mois, à condition qu'ils déposent les armes. Des milliers ont accepté, selon les chiffres officiels, mais le processus de pacification de cette zone clé est désormais dans l'impasse et les attaques reprennent.

Le Mend réclame depuis son apparition en 2006 une plus juste répartition de la manne pétrolière et le développement du Delta, une région sous-développée.

Dans son communiqué, le Mend a menacé d'attaquer des installations pétrolières du groupe français Total, jusque là globalement épargné par les violences, contrairement à l'anglo-néerlandais Shell ou l'américain Chevron.

«Dans les prochains jours, nous mènerons des attaques contre les installations pétrolières et étendrons nos actions à des compagnies comme Total qui ont été épargnées par le passé», a déclaré le Mend.

Total a essentiellement des installations offshore, donc moins vulnérables selon les observateurs.