Des pirates somaliens présumés ont capturé un bateau de pêche battant pavillon kényan avec 16 membres d'équipage à bord et qui pourrait être utilisé comme «bateau-mère» pour lancer de nouvelles attaques dans l'océan Indien, a-t-on appris mardi de sources maritimes.

Andrew Mwangura, le responsable de la branche kényane d'un programme d'assistance aux marins, a précisé que le MV Sakoba était commandé par un capitaine espagnol et que les 15 autres marins à bord étaient originaires du Kenya, de Pologne, du Sénégal, du Cap-Vert et de Namibie.

«Le navire a été capturé dans les eaux au large du Kenya et des Seychelles la semaine dernière», a-t-il expliqué.

L'opération européenne de lutte antipiraterie Atalante a confirmé dans un communiqué que le navire était aux mains des pirates et faisait route mardi vers Harardhere, un de leurs repaires sur la côte est de la Somalie.

Le porte-parole d'Atalante, John Harbour, a expliqué à l'AFP que l'identité et la nationalité du propriétaire du bateau étaient incertaines et a averti qu'il pourrait être utilisé comme «bateau-mère», ces navires qui permettent aux pirates de mettre à l'eau en plein milieu de l'océan leurs embarcations rapides pour partir à l'assaut de nouvelles cibles.

«Nous ne savons pas qui est le propriétaire du navire. Nous savons qu'en 2007, il était propriété (d'une société) espagnole», a expliqué M. Harbour. «En fait, ce navire a pu être utilisé par les pirates comme bateau-mère».

La Confédération patronale espagnole de la pêche (Cepesca) a indiqué dans un communiqué que l'armateur du navire était un Kényan tandis que le ministère des Affaires étrangères espagnol soulignait que «le seul point de connexion avec l'Espagne est que le capitaine est espagnol».

M. Mwangura a par ailleurs jugé le cas du Sakoba suspect, les pirates présumés n'ayant apparemment pas tenté d'entrer en contact avec les propriétaire ou armateur du navire pour engager les négociations sur le versement d'une rançon.

«C'est très étrange parce que dans toutes les autres attaques de pirates, les assaillants entrent en contact avec les propriétaires du bateau dans le seul but de négocier la rançon», a expliqué M. Mwangura.

De son côté, une organisation maritime britannique implantée à Dubaï, l'Organisation pour le commerce maritime (MTO) a enjoint les navires croisant dans cette zone à la plus grande prudence.

«Le bateau de pêche est utilisé comme plate-forme pour les pirates et demeure une menace pour les marins», a averti l'organisation.

Les pirates somaliens, qui ont engrangé pas moins 60 millions de dollars de rançons en 2009, détiennent actuellement sept navires et près de 150 marins en otages.