Les Togolais ont voté jeudi pour élire leur président, lors d'un scrutin opposant principalement le sortant Faure Gnassingbé, fils du général Gnassingbé Eyadéma au pouvoir pendant 38 ans, et son rival Jean-Pierre Fabre, qui a mis en garde contre toute fraude.

Cette élection, qui s'est jusqu'à présent déroulée dans le calme, constitue un test pour le pays, cinq ans après la victoire contestée de M. Gnassingbé à la présidentielle de 2005, marquée par des violences meurtrières. Les bureaux de vote ouverts peu après 7H00 locales (2H00 HAE) ont fermé vers 17H15, ont constaté des journalistes de l'AFP.

À l'école primaire publique Bè Gare de la capitale Lomé, où l'opposition semblait en position de force, le dépouillement a démarré immédiatement, sous le regard de la foule et dans une ambiance électrique.

Dans d'autres bureaux de vote de la capitale, le dépouillement s'effectuait à la lueur des bougies ou des lampes à pétrole, devant des gens agglutinés aux fenêtres.

La Commission électorale indépendante (Céni) n'a donné aucun délai pour l'annonce des premiers résultats, ni fourni de chiffres sur la participation.

Quelque 3,2 millions d'inscrits étaient appelés aux urnes pour cette élection à un tour.

Les deux principaux rivaux sont M. Gnassingbé, 43 ans, candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir depuis 43 ans), qui brigue un second quinquennat, et M. Fabre, 58 ans, du parti d'opposition Union des forces de changement (UFC).

Le président Gnassingbé a voté au camp militaire Eyadéma, dans le quartier Tokoin. «Que le meilleur gagne!», s'est-il exclamé.

Son rival a, lui, mis en garde contre d'éventuelles fraudes.

«Pendant la campagne, j'ai parcouru le pays et j'ai entendu un cri de détresse, la volonté de changement unanimement exprimée par les populations togolaises (...). Il ne fait aucun doute que cette volonté se traduira dans les votes», a-t-il affirmé.

«Voilà pourquoi je mets en garde tous ceux qui seront tentés par les modifications des votes des populations togolaises», a poursuivi M. Fabre.

Les électeurs votaient en apposant leur empreinte digitale sur un bulletin unique, sous l'oeil d'observateurs des différents partis.

Quelque 320 observateurs internationaux ont également été déployés ainsi que 146 militaires de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

En février 2005, après le décès de son père qui régna d'une main de fer, Faure Gnassingbé avait été installé au pouvoir par l'armée. En avril 2005, il avait été élu président lors d'une élection contestée et suivie de violences qui avaient fait 400 à 500 morts, selon l'ONU.

«On veut le changement bien sûr, on en a marre, on veut être libre totalement, on veut nos droits! Cela fait quarante ans qu'on nous trompe, que le régime s'accapare le pouvoir avec force», expliquait jeudi à l'AFP Léonard Ablawoun, un partisan de l'UFC.

«Depuis l'arrivée de ce président (Gnassingbé, ndlr) il y a une avancée (...) il faut qu'il achève son travail pour tenir ses promesses», a estimé a contrario Michel Abalo, un électricien de 30 ans.

La Céni a appelé à une élection juste et transparente, sans violence, afin «que le pays retrouve sa place au sein des démocraties modernes».

Les bailleurs de fonds ont progressivement renoué avec le Togo en 2007, suite à un scrutin législatif jugé réussi, après 15 ans de sanctions pour «déficit démocratique».

Le Togo, situé entre le Bénin et le Ghana, compte 6,5 millions d'habitants.