«Nous mourons, nous mourons!», a crié Elina Namasa en voyant le torrent de boue dévaler vers sa maison. Mais la jeune fille et son bébé ont survécu, faisant figure de miraculés du glissement de terrain qui a fait au moins 81 morts dans l'est de l'Ouganda.

Le visage gonflé, Elina, 18 ans, raconte sur son lit du modeste dispensaire de Bududa, le chef lieu local, comment elle a vu littéralement le drame arriver au seuil de sa maison.

«J'étais dans ma maison et j'ai entendu du bruit. J'ai regardé dehors et j'ai vu la boue tout autour de nous. J'ai crié "nous mourons, nous mourons" », se souvient-elle.

«Toutes les personnes avec qui j'étais ont péri. Toutes sauf moi et mon bébé», ajoute la jeune femme, énumérant les noms de onze proches qu'elle croit morts.

«Je suis resté trois heures dans la boue avant d'être secourue. J'étais ensevelie et je pouvais entendre les gens creuser. Je leur criais "pas là, ici !" et ils pouvaient m'entendre. Ils s'y sont mis avec tellement d'énergie qu'ils m'ont sorti de là».

Elina doit sa survie à la rapidité avec laquelle les premières équipes de secours l'ont retrouvée, quelques heures après la coulée de boue qui a enseveli dans la nuit de lundi à mardi trois villages montagneux de ce pays d'Afrique orientale.

31 personnes avaient pu être sauvées selon un bilan dressé 24 heures après le drame. 81 cadavres ont été retrouvés et 400 habitants étaient toujours portés disparus mercredi.

Les trombes d'eau qui continuent de s'abattre sur cette région montagneuse rendent encore plus pénibles et aléatoires les recherches des sauveteurs, qui ne peuvent travailler qu'avec des outils manuels, la zone étant trop escarpée pour permettre l'arrivée d'engins de terrassement. Des hélicoptères de l'armée amènent des secours de première urgence.

«Il pleut maintenant très fort, et l'endroit devient impossible à atteindre. La situation est vraiment effroyable», témoigne Geofrey Natubu, vice-président du district de Bududa.

«Je suis si inquiète», souffle Elina, «beaucoup de gens sont morts, des gens que je rencontrais chaque jour, des amis».

Dans le village de Nametsi, «un marché et un centre de soins ont été balayés», rapporte le secrétaire général de la Société ougandaise de la Croix Rouge Michael Nataka.

Dans la localité voisine de Maburu, Sam Olyamboka, 24 ans, assistait lundi soir à la messe. «J'étais à l'église quand j'ai vu le glissement de terrain, qui emportait des rochers et des arbres. Tout le monde s'est enfui de l'église, mais plusieurs personnes sont mortes, peut-être cinq».

«La boue est arrivée tellement vite que je n'ai pas pu courir. Un arbre m'est tombé dessus et les gens du village sont venus me sauver», poursuit-il.

Sam s'en est sorti avec une fracture du bras. «Cela me fait très mal de penser que j'ai perdu un membre de ma famille et de nombreux amis dans le coin».