«La guerre au Darfour est terminée», a affirmé mercredi le président soudanais Omar el-Béchir au lendemain de la signature d'un accord clé avec le plus militarisé des groupes rebelles, dont il a libéré la moitié des membres emprisonnés après une attaque sans précédent.

«La crise au Darfour est finie, la guerre au Darfour est terminée... le Darfour est maintenant en paix», a dit le raïs soudanais lors d'un discours à El-Facher, la capitale historique du Darfour.

Cette région de l'ouest du Soudan est en proie depuis 2003 à une guerre civile à l'origine de 300.000 morts selon les estimations de l'ONU - 10 000 d'après Khartoum - et de 2,7 millions de déplacés.

«Le combat des armes est terminé, celui du développement commence», a ajouté le président soudanais, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour.

Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), un des deux plus importants mouvements rebelles du Darfour, et le Soudan ont signé officiellement mardi à Doha, au Qatar, un accord politique prévoyant un cessez-le-feu et une «paix  définitive» d'ici le 15 mars.

L'autre groupe rebelle du Darfour, l'Armée de libération du Soudan d'Abdelwahid Nour (SLA-Abdelwahid), a toutefois fustigé cet accord.

«De quelle paix s'agit-il? D'une paix politicienne (...), d'un combat pour obtenir des postes au gouvernement mais qui ne s'intéresse pas à la chose fondamentale: assurer la sécurité de la population» du Darfour, a déclaré à l'AFP M. Nour.

Les autorités soudanaises ont libéré mercredi 57 membres du JEM arrêtés après l'attaque sans précédent en mai 2008 de ce groupe rebelle contre Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, repoussée par les forces de sécurité après d'intenses combats.

Quelque 105 membres du JEM avaient été condamnés à mort par des tribunaux pour leur «participation» à cette attaque, dont deux demi-frères de Khalil Ibrahim, chef de ce mouvement rebelle qui devrait être intégré au pouvoir après la signature d'un accord de paix définitif.

«Nous libérons aujourd'hui 57 personnes, dont 50 étaient condamnées à mort, cinq à une peine de prison et deux faisaient l'objet d'une enquête», a déclaré le ministre soudanais de la Justice, AbdelBasit Sabdarat, précisant que ce nombre correspondait à la moitié des prisonniers du JEM arrêtés après l'attaque d'Omdurman.

Le président el-Béchir a garanti que l'autre moitié des détenus - dont les deux demi-frères de Khalil Ibrahim - seraient libérés à la signature d'une paix définitive.

L'accord de Doha entre Khartoum et le JEM survient avec pour toile de fond le réchauffement des relations entre le Soudan et le Tchad, deux voisins qui se menaient une guerre par groupes rebelles interposés, et la campagne électorale au Soudan.

Plus grand pays d'Afrique, le Soudan doit tenir du 11 au 13 avril ses premières élections -législatives, régionales, et présidentielle - multipartites depuis 1986.

Selon plusieurs observateurs, le président soudanais Omar el-Béchir tient mordicus à se présenter aux élections comme le candidat de la paix après avoir été inculpé de crimes de guerre par la CPI.

Des partis d'opposition et les rebelles du JEM ont plaidé mercredi en faveur d'un report des élections. «Nous demandons plus de temps, nous demandons de reporter les élections auxquelles nous n'allons pas participer si elles se tiennent en avril», a déclaré à Doha M. Ibrahim, reprochant au gouvernement «son insistance» à les tenir à cette date.

«Un report de l'élection plongerait tout le pays dans l'obscurité... Le Darfour est prêt pour les élections», a soutenu le gouverneur du Darfour-Nord, Mohamed Yusif Kibir, s'exprimant à la tribune avant le président el-Béchir.