«Merci de nous avoir délivrés de la dictature!» lance une manifestante nigérienne à des soldats. La musique est assourdissante et par milliers, des Nigériens convergent samedi à Niamey pour un rassemblement de soutien à la junte qui a renversé le président Mamadou Tandja.

A moto, à pied, en voiture, ils se dirigent vers le parlement, répondant à l'appel lancé la veille par une coalition d'opposition qui entend saluer le coup de force de l'armée jeudi.

Les manifestants, qui étaient environ 10 000 selon une estimation d'un journaliste de l'AFP dans la matinée, étaient évalués à 35 000 quelques heures plus tard par Doudou Rahama, un membre de l'opposition.

Des militaires putschistes ont déposé jeudi le président Tandja, au pouvoir depuis dix ans et qui avait refusé de se retirer au terme de son deuxième quinquennat, préférant faire adopter en août une nouvelle Constitution très controversée prolongeant son mandat.

L'opposition et la communauté internationale avaient dénoncé cet acharnement.

Le «Conseil suprême pour la restauration de la démocratie» (CSRD, junte) a promis jeudi de «restaurer la démocratie».

«C'est le renversement de la dictature Tandja que nous célébrons», déclare à l'AFP Soumana Sanda, un ancien député présent dans la foule.

Hommes, femmes, étudiants, chômeurs ou syndicalistes, les manifestants arborent des pancartes «Vive l'armée nigérienne!», «Vive le CSRD!», «Oui pour la restauration de la démocratie!».

Passant devant des soldats qui assurent la sécurité de la manifestation, des militantes leur serrent la main en signe de reconnaissance.

«Nous exhortons les militaires à être justes en organisant des élections libres et démocratiques et à se retirer ensuite», lance dans un micro Doudou Rahama, un proche du président du parlement qui avait été dissous par M. Tandja.

«Nous soutenons les militaires à cent pour cent, mais ils nous trouverons sur leur chemin s'ils ne se montrent pas justes avec le peuple», met-il en garde. Tonnerre d'applaudissements.

Les youyou des femmes, les chants des militantes et la musique des haut-parleurs se mélangent à un vrombissement de moteurs.

La foule entame une marche de quelques kilomètres vers le «Rond point de l'armée», à proximité des principales casernes de la ville.

Là, des milliers d'autres manifestants, venus des quatre coins de la capitale, les attendent déjà.

Des dirigeants de la Coordination des forces démocratiques pour la république (CFDR), une coalition de partis politiques, d'organisations de défense des droits de l'Homme et des syndicats qui a organisé la manifestation, se succèdent au micro.

Une musique militaire jouée par un orchestre annonce l'arrivée imminente de membres de la junte.

Escortés par des hommes lourdement armés, une dizaine d'entre eux apparaissent alors à bord de véhicules tout terrain, dont certains sont équipés de mitrailleuses.

Le capitaine Harouna Djibrilla Adamou grimpe sur le toit de sa voiture: «Nous vous remercions énormément pour votre soutien massif, nous vous demandons de rester calmes nous sommes là pour vous».

«Nous sommes à votre écoute et nous vous donnons l'assurance que nous n'allons jamais vous décevoir. L'armée est avec son peuple, elle restera toujours avec lui», clame-t-il.

Sous les applaudissements, la foule crie: «vive l'armée!».