La représentante du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) en Gambie a été expulsée de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, dont le régime est régulièrement critiqué pour des violations des droits de l'Homme, a indiqué lundi à Banjul une responsable de l'UNICEF.

«L'UNICEF a reçu la semaine dernière une lettre du gouvernement disant que la représentante résidente Mme Min-Whee Kang (Corée du Sud) n'était plus la bienvenue en Gambie», a déclaré à l'AFP la responsable de la communication de l'Unicef en Gambie Mme Sally Sadie-Singhateh.

Les autorités ont donné vendredi 24 heures à la représentante de l'agence de l'ONU pour quitter le pays, selon elle. Elle est partie «pour une destination inconnue», a-t-elle précisé.

«L'UNICEF confirme l'expulsion de sa représentante en Gambie Madame Min-Whee Kang», a précisé à l'AFP Gaëlle Bausson, porte-parole de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, basée à Dakar.

Aucune précision n'a pu être obtenue lundi de la part des autorités gambiennes.

Il s'agit du deuxième responsable de l'ONU à être expulsé de ce pays en trois ans. En février 2007, le responsable en Gambie du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Fadzai Gwaradzimba, avait été déclaré persona non grata.

Il avait demandé au président gambien Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 1994, de cesser d'interférer dans les traitements contre le VIH/sida.

Le chef de l'Etat a prétendu avoir des dons de guérisseur et affirmé en 2007 pouvoir soigner des personnes infectées par le sida «en quelques jours» avec un traitement à base de plantes et de versets du Coran.

Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, des opposants ou des personnes considérées comme telles au régime sont régulièrement victimes de violations des droits de l'Homme, dont des arrestations extrajudiciaires et des tortures.

Selon Reporters sans frontières (RSF), les médias privés travaillent dans un «climat très menaçant» en Gambie.

«Le pays dirigé par le jeune président Yahya Jammeh est le domaine réservé d'une petite clique de militaires souvent irrationnels, emprisonnant, torturant et terrorisant parfois au hasard ceux qui osent, un jour, s'opposer au chef de l'Etat ou à ses amis», selon RSF.

Pour l'organisation, l'assassinat en 2004 «du rédacteur en chef de l'hebdomadaire The Point, Deyda Hydara, a sonné la fin d'une époque où la presse privée, bien organisée et exigeante, pouvait encore faire front face à un gouvernement qui ne cachait pas son hostilité à son égard».

Deyda Hydara était également le correspondant de l'AFP et de RSF en Gambie.