Le président du Malawi, Bingu wa Mutharika, 76 ans, devenu dimanche président de l'Union africaine (UA), dirige depuis 2004 son pays où il est autant décrié pour ses multiples retournements que respecté pour ses succès dans la lutte contre la pauvreté.

Devant ses pairs réunis au sommet à Addis Abeba, M. Mutharika les a appelé à «plus d'actions»: «il faut aller au-delà des décisions, résolutions et déclarations et commencer à agir, le temps est venu de développer l'Afrique».

«L'Afrique, leur a-t-il déclaré, n'est pas un continent pauvre», mais ses populations le sont. Le continent a des scientifiques, des ingénieurs, des artistes, des champions sportifs mais ils se trouvent «maintenant dans les pays occidentaux et contribuent au développement de ces pays», a-t-il regretté.

Cet économiste qui a travaillé pour plusieurs organisations internationales dont la Banque Mondiale a été réélu en 2009 pour un nouveau mandat confortable de cinq ans puisque son Parti progressiste démocrate (DPP) dispose maintenant de la majorité absolue des sièges,

Décrit comme un technocrate, un traître, un politicien machiavélique mais aussi comme un champion de la croisade contre la corruption, M. Mutharika a eu des difficultés durant son premier mandat pour avoir lâché son mentor, l'ancien président Bakili Muluzi (1994-2004) qu'il a accusé de corruption en lançant contre lui la machine judiciaire.

Du coup, il s'était retrouvé en minorité au Parlement sortant, son parti disposant de moins de 60 des 193 sièges. Il a ainsi passé les quatre dernières années de son premier mandat à se défendre évitant de peu d'être démis par les députés.

M. Mutharika a mené une carrière politique jalonnée de nombreux revirements. Après avoir participé, sous la dictature de Kamuzu Banda (1964-1994), à la création dans la clandestinité d'un mouvement pro-démocratie, le Front démocratique uni (UDF), il l'avait quitté pour former son parti avant les scrutins de 1999.

À la suite de sa défaite aux élections de 1999, il s'était rallié au président élu Muluzi, ce qui lui avait valu d'être nommé adjoint du gouverneur de la Banque centrale, puis en 2003 au poste de ministre de l'Économie et du Développement.

En 2004, ce fils de directeur d'école, né dans un village du district de Thyolo, au sud du pays, est élu pour la première fois président. Son prédécesseur avait dû lui laisser la place après avoir échoué à modifier la Constitution de façon à pouvoir se présenter pour un troisième mandat de cinq ans. Les relations entre les deux hommes commençaient alors à se dégrader.

La fracture devient définitive lorsque le Parquet général engage des poursuites contre Muluzi, accusé d'avoir détourné 12 millions de dollars d'aide internationale.

«Mon péché est d'avoir pris parti contre la corruption», se défendait le chef de l'État. «J'ai hérité d'un système infesté d'hommes et de femmes qui se nourrissent de corruption.»

Veuf depuis 2007 et père de quatre enfants, M. Mutharika a annoncé le 20 janvier dernier des projets de remariage avec son ancienne ministre du tourisme, Callista Chapola Chimombo, elle aussi veuve. Ces deux fervents catholiques seront unis le 1er mai prochain.