Au moins 192 personnes ont été tuées et 800 autres blessées dans des affrontements depuis dimanche entre communautés chrétienne et musulmane à Jos, dans le centre du Nigeria, a annoncé mardi un haut responsable religieux musulman.

L'armée a été dépêchée sur place. «Nous avons reçu 156 morts ce matin et 36 autres cet après-midi et au total, nous avons 192 corps», a déclaré le chef de la mosquée centrale de la ville, Balarabe Dawud.

Il a également fait état d'au moins 800 blessés, dont 90 évacués dans des hôpitaux militaires en raison de la gravité de leur état.

«La mosquée est remplie de corps», avait un peu plus tôt déclaré un employé de la mosquée à l'AFP.

Malgré l'imposition d'un cessez-le-feu total mardi par les autorités, de nouveaux affrontements ont éclaté dans la cité de Bukuru, à la périphérie de Jos, au point que le vice-président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a dépêché l'armée sur place.

Selon le conseiller national à la sécurité du Nigeria, Sarki Mukthar, les militaires se sont déplacés «en concertation avec la police pour normaliser la situation». M. Mukthar a également indiqué que le vice-président, en l'absence du chef de la fédération nigériane Umaru Yar'Adua soigné en Arabie Saoudite, avait ordonné aux responsables de la sécurité de «se rendre immédiatement à Jos pour évaluer la situation».

L'imam de Jos a indiqué que la mosquée s'occupait des blessés légers, mais qu'elle manquait désormais de médicaments.

«Même les dispensaires privés des environs sont pleins de blessés. Normalement ce sont des endroits où nous nous serions rendus pour nous réapprovisionner, mais ils sont également en manque», a-t-il dit.

Les affrontements ont éclaté dimanche, provoqués par la construction d'une mosquée dans un quartier essentiellement chrétien de Jos.

Mardi, des habitants joints au téléphone par l'AFP ont indiqué entendre des coups de feu et constater de nombreux incendies.

«D'où je suis, je peux entendre des coups de feu et voir des colonnes de fumée au dessus de certains quartiers de la ville. On dirait que toute la partie nord de Jos est en flammes», a déclaré Ibrahim Mudi, un résident du faubourg de Sabon Fegi.

David Maiyaki, un chrétien du quartier de Dutse Uku, a expliqué que les heurts avaient recommencé dans la nuit de lundi à mardi: «nous nous sommes réveillés au milieu de combats ce matin. Il y a des tirs, des incendies autour de nous». «Le couvre-feu total ne semble avoir aucun effet et les combats se poursuivent», a-t-il ajouté, alors que l'annonce du couvre-feu était répétée en boucle à la radio.

Tous les vols ont été suspendus mardi entre l'aéroport de Jos, au sud-est d'Abuja, et le reste du pays.

Jos est située sur la ligne séparant le sud du Nigeria, à majorité chrétien et animiste, avec un nord dominé par l'islam.

Pays le plus peuplé d'Afrique, avec 150 millions d'habitants, le Nigeria est déchiré par de fréquentes violences entre musulmans et chrétiens, notamment dans les États du centre et du nord où les communautés religieuses ont du mal à cohabiter. En novembre 2008, des centaines de personnes avaient été tuées en deux jours à Jos au cours d'affrontements religieux.