Des discussions ont débuté samedi à Ouagadougou pour choisir un Premier ministre de transition en Guinée, plongée depuis plus d'un an dans une grave crise, entre deux opposants à la junte, un dirigeant politique et une leader syndicaliste.

Dans le même temps, la communauté internationale, en premier lieu la France et l'Union africaine (UA), ont salué l'accord de sortie de crise signé la veille et prévoyant un maintien «en convalescence» à l'étranger du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, et une présidentielle dans «six mois». «Les deux personnes proposées au poste de Premier ministre, Jean-Marie Doré et Rabiatou Sérah Diallo, doivent se rendre à Ouagadougou pour consultations», a indiqué à l'AFP le lieutenant Mohamed Kassé, attaché de presse du président de transition et nouvel homme fort du pays, le général Sékouba Konaté.

M. Doré est le porte-parole des Forces vives (opposition, syndicats et société civile), Mme Sérah Diallo est la secrétaire-générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et figure de proue de la contestation.

«Ils doivent rencontrer le facilitateur (le président burkinabè Blaise Compaoré), le général Konaté, ainsi que le capitaine Moussa Dadis Camara dans le cadre de la transition», a-t-il ajouté. Mais les deux opposants se trouvaient toujours à Conakry samedi à la mi-journée.

«Le général Konaté est le président de la transition et chef de l'Etat pour une durée de six mois, Dadis reste et demeure président du CNDD», Conseil national pour la démocratie et le développement), la junte au pouvoir, a-t-il précisé.

«Mais le CNDD va disparaître car il sera remplacé par le Conseil national de transition (CNT) et les militaires vont rentrer dans les casernes. Les pleins pouvoir de la transition reviennent au général Konaté mais après les élections, automatiquement, il va rendre le tablier», a assuré le lieutenant Kassé.

Selon lui, si les discussions ont débuté au Burkina, la «nomination officielle» du Premier ministre de transition «aura lieu en Guinée».

«C'est une question de jours, c'est imminent. Parmi les deux, on va en nommer un (au poste de Premier ministre) mais le second ne sera pas lésé, il sera placé quelque part», a-t-il ajouté. Selon certaines informations, un poste de Premier ministre adjoint pourrait être créé.

L'accord de sortie de crise signé après deux jours de difficiles tractations a été accueilli avec soulagement par la communauté internationale, effrayée par la perspective d'un retour en Guinée du capitaine Camara, blessé dans une tentative d'assassinat le 3 décembre. Le capitaine Camara a été mis en cause avec d'autres dans le massacre par les forces de sécurité de plus de 150 opposants le 28 septembre à Conakry.

«La Guinée vient de franchir une étape décisive dans la sortie de la crise qu'elle traverse depuis un an (coup d'Etat militaire du 23 décembre 2008) et sur le chemin de l'Etat de droit et de la justice», s'est félicité le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

«La France assure de son soutien le général Konaté» et «encourage les Forces vives à apporter une participation active à la transition et salue, dans ce cadre, leur proposition de candidats au poste de Premier ministre», poursuit-il dans un communiqué.

Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, s'est lui aussi félicité «de l'évolution positive de la situation en Guinée».