La santé du chef par intérim de la junte en Guinée, le général Sékouba Konaté, était vendredi au centre de nombreuses interrogations, au moment où l'opposition est plongée dans de délicates tractations pour répondre à son offre de partage du pouvoir.

En début d'après-midi, une source à la présidence sénégalaise avait affirmé qu'il était «souffrant» et serait hospitalisé «à Dakar (vendredi) en début d'après-midi». Mais les autorités de Conakry se sont très vite voulues rassurantes sur la santé du nouvel homme fort de Guinée.

«Il est toujours à Conakry et il s'agit-là de rumeurs non fondés», a déclaré à l'AFP l'ambassadeur de Guinée au Maroc.

Il «n'est pas malade, il est bien portant. Aucune évacuation n'est prévue au Sénégal. Il devait se rendre à Dakar pour des consultations avec (le président) Abdoulaye Wade mais ce n'est pas un problème de santé», a assuré le ministre guinéen de la Santé, le colonel Abdoulaye Shérif Diaby sur France 24.

Selon une source occidentale, le «check-up» médical aurait été reporté à la «semaine prochaine» à Dakar.

Kiridi Bangoura, ancien ministre de l'Intérieur et proche du général Konaté a affirmé à l'AFP: «j'étais avec lui jusqu'en début d'après-midi, il va très bien, il a reçu plusieurs officiers de l'armée et Jean-Marie Doré, le porte-parole des Forces vives».

L'opposant Jean-Marie Doré a confirmé: «le général Konaté va bien, en tout cas au moment où moi je le quittais en début d'après-midi, il ne souffrait apparemment de rien».

Mais selon son entourage, depuis le coup d'État du 23 décembre 2008, le général Konaté, 45 ans, s'est rendu trois fois au Maroc pour des soins et contrôles.

Le général Konaté assure l'intérim à la tête du pays à la suite de la tentative d'assassinat le 3 décembre du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, par son propre aide de camp.

Hospitalisé au Maroc après avoir été gravement blessé par balle à la tête, le capitaine Camara n'a depuis lors fait ni discours ni apparition publique.

Le général Konaté était rentré mardi soir du Maroc, où il avait séjourné une semaine au cours de laquelle il a rencontré le chef de la junte.

Vingt-quatre heures plus tard, il a prononcé un important discours «d'apaisement» en donnant son accord pour que le premier ministre de transition, chargé de mener le pays vers des élections présidentielle et législatives, soit «issu de l'opposition et choisi par elle-même».

Les premières réactions de l'opposition, comme de la France et des États-Unis, ont été positives mais prudentes.

Mais vendredi, le ton a changé.

Depuis Paris, un des principaux dirigeants de l'opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, a affirmé à l'AFP que «les revendications majeures de l'opposition» n'avaient pas été «prises en compte» dans le discours du chef par intérim de la junte.

«Il faut d'abord être d'accord sur la durée de la transition, sur la non-candidature des membres du CNDD (la junte) et du gouvernement, il faut mettre en place un cadre de concertation sur les institutions de la transition, définir la feuille de route et le calendrier de la transition», selon lui.

Après une réunion de plusieurs responsables de l'opposition à Conakry, le Forum des Forces vives a publié un communiqué reprenant les arguments de M. Diallo et réaffirmant «ses préoccupations majeures».

En premier lieu, il s'agit de «l'organisation des élections dans un délai court et la réaffirmation de la non candidature aux prochaines élections nationales des membres du CNDD (junte), du gouvernement actuel ainsi que les membres des nouvelles autorités de la transition qui seront mises en place».