La santé de la militante sahraouie Aminatou Haidar s'est détériorée dans la nuit de mercredi à jeudi et elle a été hospitalisée en soins intensifs dans un hôpital de Lanzarote (Canaries), où elle poursuit sa grève de la faim entamée il y a plus d'un mois.

Mme Haidar a été transportée à l'hôpital peu après minuit, à sa demande, à la suite de très fortes nausées et de douleurs abdominales, selon sa porte-parole, Edi Escobar. Elle a vomi du sang, est sévèrement déshydratée, mais elle reste consciente, a précisé une source médicale en ajoutant qu'on ne la forcera pas à s'alimenter.

«Les médecins nous ont dit que son état était stationnaire et qu'ils lui avaient donné des calmants pour soulager les fortes douleurs qu'elle avait ressenties dans la journée», a déclaré jeudi matin à la Radio nationale espagnole (RNE) le porte-parole de sa plateforme de soutien, Fernando Peraita.

Mme Haidar, 42 ans et mère de deux enfants, n'a toutefois pas l'intention d'abandonner sa grève de la faim. «Elle ne le fera qu'une fois rentrée chez elle à Laâyoune», chef-lieu et principale ville du Sahara occidental, a précisé M. Peraita.

Elle a été hospitalisée dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital général de Lanzarote, quelques heures après l'arrivée de sa soeur, Laila Haidar.

Mme Haidar a entamé sa grève de la faim le 16 novembre pour protester contre son expulsion de l'aéroport de Laâyoune, par les autorités marocaines, de retour d'un voyage aux États-Unis où elle avait reçu un prix des droits de l'homme.

Selon les autorités marocaines, la militante se serait dessaisie de son plein gré de sa nationalité marocaine.

Mercredi, le premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero a affirmé au Parlement qu'il suivait la situation «minute par minute» et a dit espérer une solution «rapide et favorable».

Selon le journal El Pais de jeudi, l'optimisme prudent de M. Zapatero intervient après des développements diplomatiques pour tenter de trouver une solution.

Le quotidien affirme que le roi du Maroc Mohammed VI a envoyé deux de ses hommes de confiance, dont le chef des services secrets, à Washington pour trouver «une formule imaginative» qui permette à Aminatou Haidar de rentrer chez elle, sans que cela ne représente une défaite pour le Maroc.

Mme Haidar a pour l'heure refusé la nationalité espagnole ou un statut de réfugiée en Espagne, et elle a déclaré vouloir rentrer au Sahara occidental «morte ou vive, avec ou sans son passeport».

Le Parlement espagnol a adopté une motion réclamant une gestion «au plus haut niveau» de son cas et le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, devait s'exprimer jeudi après-midi devant les députés pour donner des informations sur l'avancée des négociations.

Interrogé au Parlement sur une possible réévaluation des relations de l'Union européenne avec le Maroc en raison de cette affaire, M. Zapatero a au contraire plaidé mercredi pour un renforcement de ces liens.

Le Maroc considère que le Sahara occidental fait partie intégrante du royaume. Le Polisario, soutenu par l'Algérie, a combattu pour son indépendance. Il réclame aujourd'hui un référendum sur l'avenir du territoire dans lequel l'indépendance serait l'une des options offertes. Rabat propose pour sa part une large autonomie sous sa souveraineté et exclut l'indépendance.