La capitale soudanaise était sous haute tension mercredi à l'occasion du match Algérie-Égypte, décisif pour la qualification au Mondial-2010, les autorités imposant de strictes mesures de sécurité pour tenter d'éviter des violences entre supporters des deux camps.

Des milliers d'Algériens et d'Egyptiens venus du Caire et d'Alger ont envahi Khartoum, ville de près de cinq millions d'habitants au confluent des deux Nil, blanc et bleu, peu habituée à ces grands rendez-vous internationaux du ballon rond.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des supporters algériens ont paradé en voiture coiffée de leur drapeau national devant des restaurants où des Egyptiens s'étaient rassemblés pour danser, chanter et, scander des slogans d'encouragement à leur équipe.

Les autorités ont déployé 15.000 policiers prêts à intervenir avant, pendant ou après le match en cas de débordements entre supporters venus de l'étranger dont plusieurs disent être prêts à en découdre après les violences la semaine dernière.

Le 12 novembre, le bus de la sélection algérienne a été «caillassé» peu après son arrivée au Caire, et trois joueurs algériens ont été blessés. Deux jours plus tard, l'Égypte a battu l'Algérie 2-0, arrachant in extremis un match d'appui. Des violences sont survenues à Alger, en Égypte et en France dans la foulée de la victoire des «Pharaons».

Le duel entre les rivaux nord-africains a lieu au stade al-Merreikh d'Omdurman, ville jumelle de Khartoum, qui a une capacité de 41000 places, mais les autorités ont limité à 35000 le nombre des spectateurs pour des raisons de sécurité.

Les portes du stade ouvriront à 15H30 locales (7H30 HAE) et fermeront deux heures avant le début du match prévu à 20H30 locales.

Les ambassades égyptienne et algérienne ont distribué chacune 9.000 billets à leurs ressortissants dont la majorité sont arrivés sur des vols offerts gratuitement ou à des prix bradés.

Les supporters des deux camps seront disposés aux deux extrémités du stade et quitteront Omdurman par deux routes différentes afin de minimiser le risque d'accrochages, a souligné la fédération soudanaise de football.

«Une équipe médicale formée de 400 personnes et disposant de 120 ambulances sera déployée au stade», a indiqué Hassan Abdelaziz, le chef du comité médical pour le match.

L'État de Khartoum, grande région englobant la périphérie de la capitale, a décrété la fermeture des écoles et la fin de la journée de travail à 13H00 afin de limiter la circulation au moment où les supporters se dirigeront vers le stade.

Appel au calme

Plusieurs ambassades ont demandé à leurs ressortissants et exigé de leurs employés de ne pas quitter leur maison à leur retour du travail par crainte de dérapages.

La pression est remontée d'un cran avec les propos mardi soir du président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, qui a accusé son homologue égyptien Samir Zaher d'être «à l'origine» des violences survenues au Caire.

Un important religieux musulman, cheikh Youssef Qardaoui, d'origine égyptienne, a lancé un appel au calme, en estimant que le football «n'est qu'un jeu».

Des incidents fâcheux pourraient survenir en Égypte, en Algérie et même en France à l'issue de ce match.

Quelque 650 policiers seront déployés à Marseille pour empêcher le renouvellement des incidents qui avaient suivi le match de samedi. Des commerces avaient été atteints par des projectiles dans le centre-ville.

L'Algérie n'a plus participé à un Mondial depuis 1986, l'Égypte depuis 1990. La rivalité souvent houleuse entre ces deux pays phares du football africain et arabe n'est pas nouvelle. En 1989, un match de qualification avait dégénéré en émeutes.