L'Afrique a non seulement les moins bonnes infrastructures du monde, mais leur utilisation coûte particulièrement cher aux habitants et aux entreprises, un obstacle considérable au développement, a indiqué mercredi la Banque mondiale dans un rapport.

L'institution multilatérale estime que «l'état déplorable des infrastructures dans l'Afrique subsaharienne (...) freine la croissance économique des pays de 2 points chaque année et limite la productivité des entreprises de jusqu'à 40%». L'étude porte sur les infrastructures d'électricité, d'eau, routières, de communications et de technologies de l'information dans 24 pays, dont 11 francophones.

Paradoxalement, «les Africains paient dans certains pays deux fois plus pour les services de base que les habitants d'autres régions du monde», a expliqué la Banque mondiale.

«Que ce soit pour l'énergie, l'eau, le transport routier, la téléphonie mobile ou les services Internet, les tarifs africains sont plusieurs fois supérieurs à ceux pratiqués dans les autres parties du monde en développement», a déploré la Banque mondiale, parfois à cause de «coûts réellement supérieurs», parfois pour permettre «des bénéfices élevés».

Quelque 20% des ménages africains ont accès à l'électricité, 12% à un réseau d'eau collectif, et seulement 6% à des toilettes reliés à un réseau d'eau public. Et «l'accès à des services modernes d'infrastructures a stagné depuis le milieu des années 1990 et reste fortement concentré sur les ménages les plus aisés», a-t-elle ajouté.

L'organisation estime que 93 milliards de dollars par an seront nécessaires sur les dix prochaines années pour parvenir à «la satisfaction des besoins d'infrastructure africains», soit deux fois plus qu'actuellement (45 milliards de dollars).

La somme représente 15% du produit intérieur brut africain, et «est comparable aux investissements de la Chine en infrastructure au cours de la dernière décennie».

«L'énergie est de loin le plus gros défi infrastructurel de l'Afrique: une trentaine de pays sont ainsi régulièrement confrontés à des pénuries d'électricité et beaucoup payent un prix élevé pour une alimentation électrique de secours», a avancé la Banque.

«S'attaquer au défaut d'efficacité des infrastructures africaines constitue une priorité absolue des politiques», a-t-elle considéré.