L'opposition guinéenne a rejeté mardi toute participation à un gouvernement d'union nationale avec la junte pour une sortie de crise en Guinée, comme le proposent les putschistes.

«Nous avons déjà dit au médiateur de la Cédéao (Communauté économique des états de l'Afrique de l'Ouest), le président Blaise Compaoré, que nous rejetons systématiquement un gouvernement d'union ou d'ouverture», a confirmé à l'AFP Alpha Condé, président du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée), l'un des principaux partis d'opposition. «Nous demandons purement et simplement le départ du capitaine Dadis et la dissolution du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte)», a-t-il ajouté. Il se trouvait en séjour privé à Ouagadougou.

Quant au leader de l'UFD (Union des forces démocratiques) Mamadou Baadiko, il a indiqué que la proposition des putschistes montraient «une fois de plus le mépris de la junte vis-à-vis non seulement du peuple de Guinée, mais aussi de la communauté internationale».

«Il est hors de question de gouverner ce pays avec des génocidaires», a pour sa part indiqué Amadou Oury Bah, vice-président de l'UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) de l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo.

«Nous l'avons déjà signifié au médiateur de la Cédéao qui, nous l'espérons, se conformera à la feuille de route de la communauté internationale, à savoir que le capitaine Dadis doit cèder le pouvoir», a-t-il poursuivi.

La junte au pouvoir en Guinée a annoncé mardi qu'elle allait négocier avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, la mise en place d'un «gouvernement d'ouverture». Les pourparlers doivent débuter mardi soir à Ouagadougou.

Le ministre-secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), le colonel Moussa Kéïta, conduit cette délégation comprenant des membres du gouvernement, du CNDD et des «Forces patriotiques», petits partis politiques proches du capitaine Camara.

Mardi soir, M. Compaoré s'entretiendra avec les délégués de la junte dans une salle de conférences du palais présidentiel.

«Comme il l'avait fait avec l'opposition. Il leur demandera de lui faire des propositions concrètes, par écrit, sur leur vision de la sortie de crise» en Guinée, a indiqué un conseiller de M. Compaoré.

Le 5 novembre, les Forces vives de Guinée (opposition, syndicats et société civile) avaient remis un mémorandum à M. Compaoré dans lequel elles réclamaient le départ du pouvoir du capitaine Camara, la dissolution du CNDD et la mise en place d'un Conseil national de transition chargé d'organiser l'élection présidentielle dans un délai de six mois.

La Guinée traverse une grave crise depuis la répression sanglante par les forces de sécurité d'une manifestation de l'opposition dans un stade de Conakry ayant fait, selon l'ONU, plus de 150 morts.