Le Sud-Soudan pourrait être confronté à la famine si les autorités n'arrivent pas à contenir les violences tribales et la malnutrition sévère qui touche déjà plus d'un million de personnes dans cette vaste région sous-développée, a averti dimanche un haut responsable de l'ONU.

Une deuxième année consécutive marquée par des pluies insuffisantes ou mal distribuées doublée d'affrontements tribaux au cours des derniers mois risquent d'avoir un «impact sérieux» sur la vie des enfants du Sud-Soudan, a déclaré dimanche Hilde Johnson, vice-directrice de l'Unicef.

«La crise risque de faire mal, très mal», a ajouté la responsable pendant une visite à Bor, la capitale de l'Etat de Jonglei, le plus touché par la montée en flèche des violences tribales à l'origine de près de 2.000 morts depuis le début de l'année au Sud-Soudan.

«Il y a actuellement 1,2 million de personnes au Sud-Soudan affectées par l'insécurité alimentaire chronique, et nous ne voyons que le début» de ce problème, a-t-elle souligné.

La saison sèche ne fait que commencer, mais déjà plusieurs personnes n'ont rien à manger en raison de la faible récolte. Et la situation pourrait se détériorer au cours des prochains mois lorsque les réserves alimentaires s'épuiseront.

Les faibles pluies enregistrées au cours des dernières semaines vont favoriser la migration des éleveurs de bétail, en quête de pâturage frais, sur d'autres terres, ce qui risque aussi de raviver les tensions entre des groupes ethniques rivaux.

«Cela va exacerber les conflits, il n'y a aucun doute là-dessus car ce n'est pas seulement la nourriture mais aussi l'eau et le pâturage qui ont diminué», a averti la responsable, qui s'est aussi rendue dans l'Etat sudiste du Haut-Nil.

«Si nous ne sommes pas en mesure de maîtriser la situation comme il le faut, nous pouvons nous attendre à des niveaux (de faim) touchant le seuil de la famine», a averti la responsable. «Le nombre des enfants touchés (par la malnutrition) va alors monter en flèche», a-t-elle pronostiqué.

«Il y a déjà une famine», a affirmé dimanche le gouverneur de l'Etat de Jonglei, Kuol Manyang. «Là où il y a la paix, il n'y a pas de pluies, et là où il y a de la pluie, il n'y a pas de paix», a expliqué le responsable politique sudiste.

Quelque 2.000 personnes sont mortes et des dizaines de milliers d'autres ont été déplacées depuis le début de l'année au Sud-Soudan en raison des violences tribales, selon les évaluations de l'ONU.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé la semaine dernière à larguer de l'aide alimentaire destinée à 155.600 personnes dans les Etats sudistes de Jonglei, Warrap et du Haut-Nil.

L'opération, qui doit se poursuivre au cours des deux prochains mois, est destinée aux habitants de villages isolés où les conflits, le prix élevé de la nourriture et la faible récolte ont laissé des populations entières vulnérables.