Le ministre kényan des Affaires étrangères Moses Wetangula a jugé mercredi «inacceptables» les critiques d'un haut responsable américain sur la lenteur des réformes au Kenya, précisant que ce diplomate s'était en outre rendu à Nairobi sans y avoir été invité.

Le secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires africaines Johnnie Carson avait souligné «la nécessité de réformes au Kenya» en annonçant lundi l'annulation du visa d'un responsable du gouvernement -non nommément cité- ayant «fait obstruction au processus de réformes, échoué à enrayer le cycle d'impunité et été un obstacle à la lutte contre la corruption». «Il est regrettable que le ministre adjoint d'un pays ami vienne dans notre pays sans y être invité, s'autorise des commentaires plutôt inacceptables et des déclarations imprudentes, avant de s'en aller», a déclaré le chef de la diplomatie kényane lors d'une conférence de presse.

«Ce n'est pas correct», a-t-il dit, ajoutant que les commentaires de M. Carson ne correspondaient pas aux «critères généralement admis des règles de bonne conduite diplomatique».

Le chef de la diplomatie kényane a également jugé dénuées de sens les menaces américaines d'interdiction de voyage pesant contre 14 autres responsables, laissant entendre que le Kenya pourrait prendre des mesures similaires.

«Le Kenya, comme tout pays indépendant et souverain, a le choix et en diplomatie, nous pratiquons la doctrine de la réciprocité; nous prendrons des mesures de réciprocité adaptées sur toutes les questions qui sapent notre dignité en tant que Nation», a-t-il dit.

L'annonce de M. Carson constitue à ce jour l'expression la plus tangible du ressentiment de Washington face à l'échec de son allié régional à mettre en oeuvre ces réformes portant notamment sur une nouvelle constitution, sur l'accès à la terre et sur la police et la justice.