Bahar Idriss Abou Garda, chef d'un groupe rebelle du Darfour, a été accusé lundi d'être l'instigateur d'une attaque meurtrière contre des soldats de la paix en 2007, lors d'une audience de confirmation des charges devant la Cour pénale internationale (CPI).

«Abou Garda a planifié et ordonné l'assaut contre les soldats de la paix alors qu'il connaissait leur statut protégé», a affirmé le procureur Fatou Bensouda, à l'ouverture de l'audience à La Haye.

Les douze soldats de la paix, originaires du Mali, du Sénégal, du Botswana et de Gambie, tués le 29 septembre 2007 à Haskanita, dans le nord du Darfour, «ont été massacrés», a assuré Mme Bensouda.

«La plupart ont été tués à bout portant: ils ont été exécutés», a-t-elle poursuivi. Leur base a ensuite été pillée et démantelée, «laissant les victimes civiles de la campagne génocidaire du gouvernement soudanais sans protection».

Cette attaque, la «pire» contre des forces de maintien de la paix au Darfour, était «délibérée» et a été menée par un millier d'assaillants lourdement armés, dont les troupes d'Abou Garda, selon l'accusation.

«Les troupes d'Abou Garda venaient de faire sécession du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM, un autre groupe rebelle, ndlr) et avaient besoin d'équipement», a expliqué le procureur.

Vêtu d'un costume gris et d'une cravate rayée, Abou Garda, 46 ans, qui préside le Front uni de résistance (URF) et comparaît libre, a nié toute responsabilité dans l'attaque.

«Je n'ai rien à voir avec cette attaque ou sa planification», a-t-il déclaré en anglais : «j'ai condamné l'attaque à l'époque et je la condamne toujours aujourd'hui».

«Je ne pense pas que ma place soit ici, je n'ai rien fait qui justifie ma présence ici», a-t-il poursuivi. «Je suis ici parce que je crois en la justice. Si ma présence contribue à améliorer la situation de mon peuple qui souffre au Darfour (...), je serai satisfait».

Selon l'avocat du chef rebelle, Me Karim Khan, les preuves présentées par l'accusation sont «incomplètes» et «pas fiables».

La mort des soldats de la paix a plongé leurs proches «dans un état de dénuement financier dramatique car ils étaient le seul soutien de la famille», a déclaré pour sa part Hélène Cissé, au nom de plusieurs des 78 victimes représentées durant la procédure.

Accusé de crimes de guerre, Abou Garda est le premier suspect à comparaître devant la CPI, à La Haye, pour des crimes commis au Darfour, sur lesquels le procureur enquête depuis 2005. Il s'était présenté volontairement devant la Cour le 18 mai pour une première comparution.

Les audiences de confirmation des charges, prévues jusqu'au 29 octobre, sont destinées à examiner la solidité des accusations portées contre lui. La chambre préliminaire de la CPI devra rendra une décision dans les soixante jours après la dernière audience. Si les charges sont confirmées, un procès sera organisé.

Le Darfour, région de l'ouest du Soudan, est ravagé depuis 2003 par une guerre civile qui a fait 300 000 morts selon l'ONU, 10 000 selon Khartoum.