Pour la deuxième fois en quatre jours, des militaires français installés à bord de bateaux de pêche français dans l'océan Indien ont ouvert le feu mardi pour repousser une attaque présumée de pirates somaliens contre deux thoniers.

«Les deux bateaux, le Via Avenir et le Via Mistral, ont été poursuivis par deux skiffs avec quatre à cinq pirates à leur bord mardi vers 6H30 HAE», selon l'armateur, le groupe agro-alimentaire Saupiquet, basé en Bretagne (ouest de la France). Les militaires français à bord des thoniers ont «tiré des coups de semonce avec leurs armes d'infanterie», parvenant ainsi à mettre en fuite les assaillants, a expliqué pour sa part à l'AFP l'amiral Christophe Prazuck, porte-parole de l'état-major des armées à Paris.

Samedi, pour la première fois depuis la mise en place du dispositif en juillet, des fusiliers marins embarqués sur des bateaux de pêche français avaient ouvert le feu pour repousser une attaque contre deux thoniers, à 195 milles nautiques (350 km) au nord des Seychelles.

Une petite embarcation vraisemblablement impliquée dans l'incident et son bateau mère avaient été interceptés peu après avec onze Somaliens à bord par une vedette des gardes côtes seychellois.

Le bateau mère et les onze suspects avaient été relâchés 24 heures plus tard, «faute de preuve» selon les autorités seychelloises, suscitant la colère et l'incompréhension des pêcheurs dans la zone.

Les deux thoniers attaqués mardi revenaient d'une escale à Mahé (Seychelles) et se rendaient sur une zone de pêche. L'incident a eu lieu à environ 330 milles nautiques (595 km) au nord de Mahé, dans l'archipel des Seychelles, et 485 milles nautiques (870 km) des côtes somaliennes, selon une source occidentale naviguant dans la zone, interrogée en mer par téléphone depuis Nairobi.

«Les esquifs étaient dissimulés sous une bâche bleue, vraisemblablement pour se camoufler sur les flots», a expliqué cette source: à la vue des thoniers, «les esquifs ont débâché et ont foncé pour les rattraper».

La même source a affirmé que ces embarcations pourraient avoir participé à l'attaque de samedi, les deux incidents ayant eu lieu dans un périmètre relativement rapproché.

Dix thoniers senneurs français pêchent actuellement dans cette zone ainsi que quinze thoniers espagnols, dont l'un (Alakrana) a été capturé le 2 octobre avec 36 marins à son bord.

Malgré leurs demandes, les navires espagnols ne bénéficient pas d'une protection armée de militaires espagnols, sur le modèle des thoniers français.

Une soixantaine de fusiliers marins français participent à cette opération, mise en place à la demande des armateurs et qui ne s'inscrit ni dans les opérations anti-piraterie de l'Union européenne («Atalante») ni dans celles de l'OTAN dans le golfe d'Aden et l'océan Indien.

Une équipe de quatre militaires, dont un membre des forces spéciales, assurent la protection de chaque navire, avec un «armement conséquent» pour faire face à un assaut à la kalachnikov et au RPG, selon une source à bord.

Les armements participent financièrement à cette protection, pour un montant qui n'a pas été dévoilé.

Les pirates somaliens détiennent actuellement 4 navires étrangers et 111 marins, selon l'ONG Ecoterra International, qui suit les questions de piraterie dans le Golfe d'Aden et l'océan Indien.

Toujours selon Ecoterra, 174 navires ont été pris d'assaut depuis début 2009, dont 49 ont été capturés. Les attaques se sont multipliées depuis la fin de l'été et le retour à une mer calme.