L'ex-ministre de l'Intérieur gabonais, André Mba Obame, arrivé 2e à l'élection présidentielle du 30 août dont il ne reconnaît pas le résultat et dont il se dit victorieux, a annoncé lundi qu'il entamait une grève de la faim, selon un communiqué diffusé par son entourage.

«Je ne peux me résoudre à continuer à voir ce pays être transformé en dictature sécuritaire. J'ai entamé depuis ce matin, 12 octobre 2009, une grève de la faim qui durera tant et aussi longtemps que l'intimidation, la force et la violence seront utilisées comme les seules voies pouvant permettre de régler la grave crise socio-politique que traverse actuellement le Gabon», a affirmé M. Mba Obame dans son communiqué.

«Je suis prêt à sacrifier ma vie pour que le Gabon ne sombre pas dans la dictature, la guerre civile et le génocide», a-t-il poursuivi.

Dans le communiqué, M. Mba Obame estime que le Gabon est victime «d'un coup d'État électoral» et il dénonce «une dérive dictatoriale que connaît insidieusement notre pays».

M. Mba Obame ne s'est pas rendu lundi aux audiences publiques de la Cour Constitutionnelle dans le cadre de l'examen des recours en annulation de la présidentielle, officiellement remportée par Ali Bongo, fils du président Omar Bongo décédé en juin après 41 ans au pouvoir.

La Cour constitutionnelle gabonaise a mis sa décision en délibéré jusqu'à lundi 20h00 locales (15h00 HAE) sur le contentieux de l'élection présidentielle, visée par 11 requêtes en annulation.

Dans son communiqué, M. Mba Obame affirme notamment que sa ville natale de Medouneu (nord) a été «prise d'assaut» dimanche par trois camions remplis de militaires qui ont pris «en otage les populations de cette petite ville sans antécédents de violence qui compte moins de 2000 habitants».

Un porte-parole du ministre de la défense a contredit ces affirmations auprès de l'AFP: «Il n'y a pas de +prise d'assaut+, pas d'arrestations. Nous avons renforcé nos effectifs dans certaines localités pour éviter les débordements qui ont eu lieu à Port-Gentil (ouest) après l'annonce des résultats (de la présidentielle). Il s'agit simplement d'une opération de sécurisation qui se déroule sur l'ensemble du territoire».

Dans son communiqué M. Mba Obame cite un certain nombre d'événements qui montre selon lui que «la violence est le seul mode d'expression et d'action de l'État».

Il évoque notamment la dispersion «avec une violence extrême» de la foule qui faisait un sit-in pacifique devant la Commission électorale le 3 septembre ou l'interdiction d'un meeting de l'opposition dimanche à Libreville.

Des émeutes post-électorales avaient éclaté entre le 3 et le 6 septembre à Port-gentil, la capitale économique, ont fait trois morts selon le gouvernement, au moins cinq selon l'opposition, évoquant jusqu'à 15 décès.