L'opposition est intervenue lundi, affirmant que le nombre de morts au Gabon était «bien plus important» que le bilan officiel et exigeant un nouveau comptage des voix de la présidentielle, tandis que le président français Nicolas Sarkozy a félicité Ali Bongo.

«Le nombre de morts occasionné par la répression de l'armée est bien plus élevé que ne veut bien le dire le pouvoir», a affirmé lundi soir à Libreville le porte-parole d'un collectif d'opposants, l'ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong.

Le collectif rassemble 16 des 23 candidats initiaux à la présidentielle du 30 août, dont l'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame et l'opposant Pierre Mamboundou, qui revendiquent tous deux la victoire.

Dans sa déclaration commune, il a réclamé «la mise en place d'une commission d'enquête internationale pour déterminer la gravité des faits, les violations des droits de l'homme ainsi que les responsabilités de ce véritable bain de sang».

Le collectif a également demandé un nouveau comptage des voix du scrutin.

La victoire d'Ali Bongo, avec 41,73% des voix, a été annoncée le 3 septembre et validée le lendemain par la Cour constitutionnelle.

Après les dirigeants libyen Mouammar Kadhafi, camerounais Paul Biya, le roi du Maroc Mohammed VI, Nicolas Sarkozy a adressé lundi ses «félicitations» et «voeux de succès» à Ali Bongo Ondimba, fils du président défunt Omar Bongo, élu le 3 septembre pour un mandat de sept ans.

Les félicitations françaises interviennent après quatre jours de tension, particulièrement dans la capitale pétrolière, Port-Gentil (ouest), secouée par des pillages et émeutes, où des intérêts français ont été pris pour cible.

Paris, qui s'en défend, a régulièrement été accusé par des opposants d'avoir soutenu Ali Bongo et de perpétuer les pratiques de la «Françafrique», terme qui recouvre un ensemble de relations opaques, politiques, d'affaires nouées par la France avec ses anciennes colonies.

Le Gabon, riche en pétrole et en minerai, est un pays clé de l'influence française en Afrique.

Lundi à Port-Gentil, les véhicules ont repris possession des rues du centre de la ville, sous couvre-feu de 20H00 à 06H00. Pour la première fois depuis le début des troubles, aucun incident n'a été signalé dans la nuit précédente.

Si beaucoup de magasins restaient encore fermés, quelques uns, dont des pharmacies, étaient ouverts et des clients pouvaient accéder à des guichets de banques.

Les compagnies aériennes desservant Port-Gentil, qui n'est relié au reste du pays que par bateau ou par avion, ont également repris lundi leurs vols vers cette ville après trois jours de suspension.

Port-Gentil est un fief de Pierre Mamboundou qui y est arrivé largement en tête à la présidentielle du 30 août, alors qu'il n'est que troisième sur le plan national.

M. Mamboudou, dont on était sans nouvelles depuis le 3 septembre, est réapparu en public pour une conférence de presse commune de l'opposition à Libreville.

Après deux heures de présence au siège d'un parti de l'opposition dans la capitale gabonaise, M. Mamboundou, chef de l'UPG (Union du peuple gabonais), est reparti avant même le début de la déclaration commune.

«Je suis wanted, je suis recherché comme un brigand», a-t-il lancé aux journalistes avant de s'engouffrer dans une voiture, sans faire d'autres déclararations.

«Le calme est apparent, précaire», affirmait à Libreville sous couvert d'anonymat un responsable de l'Union du peuple gabonais (UPG), le parti de M. Mamboundou. «Tout est incertain, il peut se passer à tout moment quelque chose».