Les Gabonais ont voté dimanche en masse pour élire le successeur du président Omar Bongo, décédé après 41 ans au pouvoir, lors d'un scrutin à un tour émaillé d'un coup de théâtre avec l'annonce du désistement d'un favori et de tensions dans la capitale.

Selon une source gouvernementale, les premières tendances ne devraient être connues que vers minuit (19H00 HAE).

Mais en soirée, l'opposant historique Pierre Mamboundou s'est présenté comme le vainqueur, parlant de «victoire finale», alors qu'aucun chiffre n'avait encore été communiqué ni par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) ni par le gouvernement.

Calme en province, la situation était tendue, voire explosive, dans des quartiers populaires de Libreville.

Une tentative de lynchage d'un homme accusé d'être Ghanéen et de voter sans en avoir le droit a eu lieu à Nkembo (est de la capitale) où des électeurs ont mis en cause la régularité du scrutin. A Kinguélé, dans le sud-est du pays, des habitants doutaient également de l'honnêteté du scrutin.

Les opérations de vote prévues de 07H00 à 18H00 locales (02H00 à 13H00 HAE), dans plus de 3000 bureaux au Gabon et à l'étranger ont commencé avec beaucoup de retard dans de nombreux bureaux, en raison notamment de l'absence de matériel électoral et de certains agents électoraux. De nombreuses files d'attente étaient visibles devant les bureaux de vote qui ont ont fermé progressivement à partir de 19H00 (14H00 HAE).

«C'est la première fois de ma vie que je vote (...) Aujourd'hui, les choses sont différentes, il y a un espoir de changement», a affirmé un électeur de 31 ans dans le quartier de Louis (ouest).

Pendant la campagne, Ali Bongo, 50 ans, investi par le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a pu profiter de la machine électorale fondée en 1968 par son père Omar Bongo. Le PDG a remporté toutes les élections nationales depuis l'avènement du multipartisme en 1990.

Ali Bongo faisait face à 22 candidats jusqu'à l'annonce, vendredi, du désistement de cinq d'entre eux en faveur de l'ex-ministre de l'Intérieur (2005-2009) André Mba Obame, laissant 18 candidats en lice.

Ali Bongo s'est déclaré persuadé de faire «un très bon score». «Je n'ai pas de fourchette. (...) Nous souhaitons nous approcher au maximum de 50%», a-t-il dit après avoir voté à Bongoville (sud-est).

La journée a été marquée par le désistement de Casimir Oyé Mba, une autre favori. M. Oyé Mba s'est désisté, sans consigne de vote, deux jours après avoir démenti son ralliement à André Mba Obame.

De nombreux observateurs et candidats affirment craindre des troubles post-électoraux comme 21 intellectuels qui ont appelé samedi à l'apaisement.

«Le Gabon est un pays de paix, nous sommes habitués à organiser les élections régulièrement», a estimé la présidente intérimaire Rose Francine Rogombé. «La démocratie, c'est (...) accepter le succès comme la défaite».

Sans renier la figure d'Omar Bongo, tous les candidats - y compris ceux restés longtemps dans les arcanes du pouvoir - ont reconnu le peu d'efforts réalisés pour le développement sous son régime, réputé clientéliste et corrompu.

Les trois favoris restés en lice -Ali Bongo, André Mba Obame et Pierre Mamboundou- ont promis un partage plus équitable des ressources pétrolières, minières et forestières.

Plusieurs présidentiables ont critiqué la validité du fichier électoral  jugeant le nombre d'électeurs trop élevé pour une population d'1,5 million d'habitants.

Plus de 300 observateurs nationaux et internationaux étaient accrédités pour surveiller le scrutin. Les résultats complets devraient être annoncés mercredi, selon une source gouvernementale.