Des médias libyens ont évoqué samedi l'ambiance de fête régnant au domicile d'Abdelbaset al-Megrahi, le Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie mais libéré jeudi par les autorités écossaises pour raisons de santé.

Une grande tente a été installée à proximité de l'imposante villa de Megrahi, située dans le quartier de Damas, non loin du centre de Tripoli, pour accueillir proches et amis venus le féliciter pour sa libération, a rapporté une équipe de la télévision libyenne Al-Motawassit qui s'est rendue sur place. Comme c'est de coutume dans ce pays ultraconservateur, lors des fêtes des mariages, les hommes sont reçus sous la tente à l'extérieur et les femmes sont accueillies dans une grande salle à l'intérieur de la maison.

Une correspondante de cette télévision --lancée jeudi par Seif Al-Islam, fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi-- a indiqué à l'AFP qu'elle était entrée dans la demeure, illuminée par des ampoules multicolores. Elle a dit avoir rencontré la fille d'Abdelbasset al-Megrahi, qui lui a expliqué que son père «se reposait dans sa chambre à l'étage».

La famille a «demandé gentiment à l'équipe de ne pas filmer (...) et nous a promis des entretiens dans deux ou trois jours», a-t-elle ajouté.

La chaîne Al-Motawassit («La Méditerranée») avait obtenu l'exclusivité pour filmer l'arrivée d'Abdelbasset al-Megrahi jeudi à Tripoli, où il a été reçu en héros, entraînant des réactions indignées de la Grande-Bretagne et des États-Unis.

Selon le journal gouvernemental Al-Shams de samedi, Megrahi s'est ensuite dirigé chez lui, où il a été accueilli par les «youyous» et aux cris d'«Allah Akbar» (Dieu est grand) de ses amis et proches.

Samedi, des photos de Megrahi s'étalaient en outre en «une» de journaux proches de Seif Al-Islam, Oéa et Korina, alors que le journal Al-Shams saluait le «retour victorieux du héros» après des années de «souffrances».

«L'otage libéré est retourné à sa patrie et à sa famille (...) après 20 ans de souffrances, dont la moitié en tant qu'accusé et l'autre moitié en tant que condamné pour un crime qu'il n'a pas commis», commentait Al-Shams.

Abdelbasset al-Megrahi, 57 ans, atteint d'un cancer en phase terminale, a cinq enfants: une fille mariée et quatre fils, dont le plus âgé est à l'université, ainsi que deux petit-enfants.

Il avait été condamné à la prison à vie avec une peine de sûreté de 27 ans pour l'explosion d'un avion de la Pan Am le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, qui a fait 270 morts.