Le Libyen Abdelbaset Ali Mohammed al-Megrahi, seul condamné pour l'attentat de Lockerbie de 1988, a affirmé qu'il allait produire des preuves démontrant qu'il a été victime d'une erreur judiciaire, dans un entretien au quotidien The Times publié samedi.

Dans cet entretien, mené au domicile de sa famille à Tripoli, al-Megrahi, condamné à la prison à perpétuité et libéré jeudi par l'Ecosse pour raisons médicales, a réitéré son innocence, indique le quotidien.

Il a démenti que les autorités écossaises ou britanniques aient fait pression sur lui pour qu'il abandonne le deuxième appel qu'il avait formé contre sa condamnation, car elles étaient inquiètes que son examen démontre une erreur judiciaire.

Al-Megrahi, atteint d'un cancer en phase terminale et à qui les médecins n'accordent plus que trois mois de vie, a indiqué avoir renoncé à cet appel uniquement pour améliorer ses chances d'être libéré avant sa mort.

«S'il y avait une justice au Royaume Uni, j'aurais été acquitté ou le verdict aurait été annulé, car il était irrégulier. C'était une erreur judiciaire», a toutefois affirmé le Libyen, âgé de 57 ans, cité par The Times.

Le quotidien rapporte qu'al-Megrahi a promis de produire avant sa mort, via ses avocats écossais, de nouvelles preuves le mettant hors de cause dans l'explosion du Boeing 747 de la PanAm au-dessus du village écossais de Lockerbie, qui avait fait 270 morts.

«Mon message aux populations britanniques et écossaises est que je vais produire des preuves et leur demander d'être juges», a-t-il déclaré, refusant d'en dire plus.

Interrogé par The Times sur l'identité des responsables de l'attentat de Lockerbie, il a répondu: «C'est une très bonne question, mais je ne suis pas la bonne personne à qui la poser».

Il a réaffirmé que la Libye n'était pas à l'origine de l'attentat, mais a refusé de se prononcer sur la possibilité que d'autres Etats, tels que l'Iran, puissent être impliqués.

Il a également indiqué comprendre la colère des familles de victimes à son encontre. «Ils ont de la haine envers moi. C'est naturel de se comporter ainsi», a-t-il indiqué.

«Ils pensent que je suis coupable, alors qu'en réalité je ne le suis pas. Un jour, la vérité ne sera plus cachée comme elle l'est maintenant. Nous avons un proverbe arabe qui dit la vérité ne meurt jamais».

Il a également commenté les propos du président américain Barack Obama, qui a demandé à la Libye de le placer en résidence surveillée et a qualifié de «choquant» son accueil triomphal jeudi à Tripoli.

«Il sait que je suis très malade. Vous savez quel genre de maladie j'ai. Le seul endroit où je dois être est l'hôpital, pour recevoir un traitement. Aller où que ce soit ailleurs ne m'intéresse pas», a-t-il expliqué.

«Ne vous inquiétez pas, M. Obama, c'est juste pour trois mois», a-t-il lancé.

Abdelbaset Ali Mohammed al-Megrahi est la seule personne à avoir été condamnée pour l'attentat contre le vol 103 de la PanAm, dont l'explosion le 21 décembre 1988 au-dessus de Lockerbie avait tué les 259 passagers et membres d'équipage et onze habitants du village écossais.

Il avait été condamné en 2001 à la prison à vie assortie d'une peine de sûreté de 27 ans par des juges écossais à l'issue d'un procès aux Pays-Bas, son co-accusé libyen étant relaxé. La sentence avait été confirmée en appel en 2002.