Directement confrontée à la terrible réalité de l'est de la RD Congo en guerre - les victimes de viols en série et les milliers de sans-abri-, Hillary Clinton a dû admettre mardi qu'elle n'avait «pas de baguette magique» pour y remédier.

La puissante secrétaire d'État américaine avait décidé, pour une brève visite à Goma (à la frontière du Rwanda), de troquer son Boeing «Air Force Two», qui l'emmène en onze jours dans sept pays d'Afrique, pour un petit avion de l'ONU, puis pour un convoi automobile sur les pistes défoncées proches du lac Kivu. Émergeant de la poussière au bord des routes, des milliers de personnes sont venues la voir- certaines, surtout des femmes, l'acclamant à son passage. En quelques heures, Hillary Clinton, ardente défenseur des droits des femmes, a beaucoup vu et entendu.

Au cours d'un forum sur les violences sexuelles, des militants ont crié leur colère contre les employés des Nations unies ou d'ONG qui, selon eux, ne viennent à Goma que pour faire monter les prix, sans mettre fin au fléau croissant des viols par les hommes armés.

«Nous avons beaucoup de visiteurs, beaucoup de célébrités. Mais en fin de compte, ils repartent en ne laissant que leur carte de visite», a lancé Christine Schuler-DeSchryver, une militante en partie congolaise de l'association V-Day.

«Je ne veux pas faire de promesses en l'air. Certes je ne vais pas laisser que ma carte de visite, mais je n'ai pas non plus de baguette magique», lui a répondu la ministre américaine, reprenant le message du président Barack Obama, qui invite les Africains à prendre leurs affaires en main.

«Ce à quoi je m'engage à votre égard, c'est de travailler dur. Nous travaillerons avec votre gouvernement, avec les associations. Et j'ai vu tant d'exemple du courage, dont est capable le peuple congolais», a-t-elle souligné.

Mme Clinton a visité un hôpital ainsi que le camp de l'ONU de Mugunga, qui abrite depuis 2006 dans des maisons de fortune quelque 20000 déplacés par les conflits.

Une mère de six enfants, Chantal Mapemdo, 32 ans, lui a dit qu'elle ne voulait plus retourner aux champs voisins, de peur d'être violée. Mme Mapemdo anime un groupe de femmes tressant des paniers pour les aider à vivre.

«Je viens de voir le président (de RDC) Joseph Kabila. Je lui ai dit que nous voulons mettre un terme aux violences afin que vous puissiez rentrer chez vous», lui a répondu Hillary Clinton.

Le but c'est d'arrêter les exactions sexuelles : «J'espère que nous verrons des changements... que nos enfants ne sauront même pas de quoi nous parlons aujourd'hui», a-t-elle ajouté.

La secrétaire d'État a en effet demandé au président Kabila de faire cesser «l'impunité», d'arrêter et condamner les militaires responsables de violences sexuelles.

La région du Kivu est déstabilisée par les rebelles hutus rwandais et ougandais.

Selon l'ONU, au moins 200 000 femmes ont été violées depuis 1998 dans l'est de la RDC ravagé par des années de guerre régionale et de guerre civile.

Hillary Clinton a par ailleurs annoncé un financement de 17 millions de dollars pour aider à combattre les violences sexuelles. L'argent ira aux ONG locales, servira à la formation de femmes policières, et à l'aide médicale et psychologique pour quelque 10000 victimes.