Le président zimbabwéen Robert Mugabe a accusé mardi à Harare les pays occidentaux de chercher à «diviser» le gouvernement d'union nationale, mis en place en février.

«Les accusations des violations des droits de l'Homme (...) ont fourni du grain à moudre à l'Occident et à ses médias, puisqu'ils cherchent en permanence des défauts à coller à notre pays», a déclaré M. Mugabe lors d'une cérémonie organisée en ce jour férié au Zimbabwe en l'honneur de l'armée.

«Même maintenant, alors que le gouvernement d'union a reçu le soutien de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe) et de l'Union africaine (...), nos détracteurs, toujours les mêmes, continuent (...) leurs efforts pour nous diviser», a-t-il ajouté dans sa dernière diatribe contre l'Occident.

«La paix et la stabilité dont on profite mettent en colère nos détracteurs puisqu'ils ont cherché, en vain et sans bonne raison, des erreurs» dans notre pays, a encore dit M. Mugabe devant des milliers de personnes, dont des ministres zimbabwéens et des diplomates notamment africains et occidentaux.

En février, le président Mugabe, au pouvoir depuis 1980, et son principal rival, Morgan Tsvangirai, ont formé un gouvernement d'union nationale après la défaite historique un an plus tôt du parti de M. Mugabe, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF), aux législatives.

En dépit de la mise en place de ce gouvernement, les violences politiques continuent au Zimbabwe, dont l'économie et les infrastructures sont en ruine.

Les donateurs occidentaux conditionnent la reprise de leur aide à ce pays d'Afrique australe à des réformes en profondeur de la part du nouveau gouvernement, dont l'abandon des expulsions de fermiers blancs dans le cadre d'une réforme agraire très controversée.

Le président Mugabe s'en prend régulièrement aux puissances occidentales. Lundi, il avait accusé les États occidentaux d'être «racistes» et avait estimé que les aides occidentales n'étaient pas une solution pour redresser l'économie de son pays. «L'Occident cherche à nous diviser et à perturber notre paix. S'il ne veut pas traiter avec nous, est-ce que nous devrions continuer à vouloir son aide ?», avait dit le président zimbabwéen à des milliers de sympathisants rassemblés à l'occasion des funérailles de son allié et adjoint Joseph Msika.

«Le Zimbabwe n'a besoin d'être dépendant d'aucun endroit sur la planète, et encore moins des anciens colonisateurs impérialistes et racistes», une allusion à la Grande-Bretagne.

«Nous ne faisons pas partie de l'Europe occidentale et des États-Unis», a-t-il ajouté, en estimant que les «grandes nations» étaient bâties sur leur propre talent et non pas sur l'aide étrangère.

Ces propos surviennent après que la Secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a réclamé des réformes plus importantes de Harare lors de sa visite en Afrique du Sud. Washington et Pretoria ont alors promis de travailler ensemble pour accélérer la mise en oeuvre du pacte de partage du pouvoir dans le pays.