Un accord sur une transition politique à Madagascar a été signé dans la nuit de samedi à dimanche à Maputo entre les leaders des principales mouvances, mettant fin à des mois de crise sur la Grande Ile.

Les quatre leaders, dont le nouvel homme fort de l'île Andry Rajoelina et le président évincé Marc Ravalomanana, «ont convenu que la durée de la transition n'excèdera pas 15 mois à partir de la date de signature de l'accord», a déclaré le médiateur de l'ONU Tiébilé Dramé, lisant la «déclaration de Maputo».

La transition débouchera sur des élections présidentielle et législatives «transparentes sous supervision internationale, qui conduiront au rétablissement des institutions démocratiques et stables à Madagascar», a-t-il continué.

La composition du gouvernement de transition - qui comprendra un président, un vice-président, un premier ministre et trois vice-Premiers ministres - n'a pas été déterminée, a précisé le leader de la médiation, l'ancien président mozambicain Joaquim Chissano, interrogé après la signature de l'accord. «Ils vont y réfléchir et prendre la décision plus tard», a-t-il dit.

Selon des participants aux négociations, des discussions sur ce point devaient reprendre dimanche dans la capitale mozambicaine.

Aux termes de l'accord, les membres du gouvernement de transition ne pourront pas se présenter aux élections qui seront organisées, à l'exception du président de l'instance.

M. Ravalomanana, qui vit en exil en Afrique du Sud depuis son départ forcé du pouvoir le 17 mars, a indiqué de son côté qu'il ne participerait pas «personnellement» à la transition, «dans l'intérêt supérieur de la nation.»

«Cependant, a-t-il souligné, la mouvance Ravalomanana fera partie intégrante des organes de la transition.»

Le chef de l'État évincé a souligné qu'il ne retournerait à Madagascar que lorsque «la situation sera(it) favorable.»

Sa condamnation en juin par un tribunal malgache pour «conflits d'intérêts» dans l'achat fin 2008 d'un avion présidentiel été levée selon l'accord, qui accorde l'amnistie à tout membre d'un gouvernement ou de l'opposition «entre le 1er janvier 2002 et la signature» de la charte de transition.

Cette affaire avait cristallisé l'opposition à son régime et contribué à sa chute. Une centaine de personnes sont mortes dans les manifestations réclamant son départ.

Sont exclus de l'amnistie les «crimes contre l'humanité, crimes de guerre et violations des droits de l'Homme», selon l'accord.

La question Ravalomanana avait monopolisé les débats depuis le début des pourparlers intermalgaches mercredi dans la capitale mozambicaine, sous médiation internationale.

Les pourparlers étaient destinés à trouver une issue à la crise politique née du bras de fer entre M. Rajoelina et M. Ravalomanana depuis janvier.

Face aux crises récurrentes que connaît le pays, les deux ex-chefs d'État Didier Ratsiraka et Albert Zafy avaient été conviés à la table des négociations, afin de trouver une solution durable.

M. Ravalomanana, lâché par l'armée et sous la pression de la rue, avait transféré ses pouvoirs le 17 mars à un directoire militaire qui les avait immédiatement remis à M. Rajoelina, alors chef de l'opposition et maire de la capitale Antananarivo.

Depuis le 17 mars, Madagascar est dirigé par une Haute Autorité de transition (HAT) présidée par M. Rajoelina.