Des affrontements violents ont opposé vendredi à Libreville plusieurs milliers de manifestants aux forces de l'ordre après la dispersion d'un rassemblement interdit par les autorités gabonaises, faisant plusieurs blessés, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ces heurts ont éclaté après la dispersion par les forces de l'ordre d'un rassemblement de plusieurs centaines d'opposants qui demandaient la démission du gouvernement du ministre de la Défense Ali Ben Bongo, fils du défunt président Omar Bongo et candidat à la présidentielle du 30 août.

Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants qui ont répliqué par des jets de projectiles, a constaté le journaliste de l'AFP.

Plusieurs milliers de personnes ont alors rejoint les opposants pour affronter les forces de l'ordre qui ont continué les tirs de gaz lacrymogènes.

Plusieurs blessés ont été dénombrés par le journaliste de l'AFP, mais aucun bilan précis n'était disponible de source indépendante.

Jeudi, une coalition d'une dizaine de candidats à la présidentielle avait annoncé pour vendredi une marche afin de demander la démission de Bongo. Les autorités ont déclaré jeudi soir que cette marche était interdite.

Les affrontements entre manifestants et policiers ont cessé avec le retrait des forces de l'ordre.

Entre 5000 et 6000 personnes sont restées sur les lieux des heurts, scandant des slogans hostiles à Bongo. «Ali démission», «Ali dictateur», pouvait-on entendre. «On veut le changement», le «Gabon n'est pas une monarchie», ont lancé aussi les manifestants.

Plusieurs candidats à la présidentielle -les opposants Pierre Mamboundou, Zacharie Myboto, Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé, Luc Bengono Nsi, les indépendants André Mba Obame, Bruno Ben Moubamba, Casimir Oyé Mba et Anna Claudine Ayo Assayi ainsi que Paul Mba Abessole, en lice pour un parti de la majorité- ont rejoint les manifestants, a constaté l'AFP.

Suivis par leurs partisans, les candidats ont lancé la marche qu'ils avaient initialement prévue et parcouru quatre kilomètres avant d'être à nouveau stoppés vers 8h30 par la gendarmerie et la police au rond-point de la Démocratie, où ils sont restés rassemblés. Environ 10 000 personnes ont pris part à ce mouvement, selon des estimations de l'AFP.

Depuis plusieurs semaines, la présence au gouvernement de deux ministres candidats, Pierre-Claver Maganga Moussavou (Enseignement technique) et Ali Ben Bongo est très critiquée par les 21 autres candidats, de nombreux hommes politiques et membres de la société civile.

Le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) a répondu fin juillet qu'«aucune disposition ne disqualifie les candidats à l'élection présidentielle pour siéger au gouvernement», estimant que les demandes de démission étaient «un faux débat».

Jeudi, Maganga Moussavou a cependant annoncé sa démission du gouvernement pour se «consacrer à la campagne» électorale.

Vingt-trois candidats sont en lice pour la présidentielle, scrutin à tour unique.

À Paris, près de 70 manifestants se sont également rassemblés près de  l'ambassade de Gabon en France, pour demander un processus électoral «transparent» et la démission d'Ali Ben Bongo.