L'homme fort de Madagascar Andry Rajoelina et le président évincé Marc Ravalomanana ont entamé des discussions mercredi à Maputo, pour la première fois depuis le changement à la tête de la Grande Ile en mars et en vue de résoudre la crise politique que traverse leur pays.

En terrain neutre et sous l'égide d'une médiation internationale menée par l'ancien président mozambicain Joaquim Chissano, ces pourparlers réunissent aussi deux ex-présidents malgaches, Didier Ratsiraka et Albert Zafy.

Les quatre hommes, qui représentent les principales mouvances politiques de Madagascar, ont jusqu'à samedi pour trouver un terrain d'entente.

«L'Afrique et le monde entier ont les yeux tournés vers nous», a prévenu M. Chissano, à l'ouverture de la réunion dans la capitale mozambicaine.

«Avec votre ferveur patriotique, je suis certain que vous pourrez, avec notre aide, rapprocher vos points de vue de manière à marcher sur un même chemin, vers un même objectif», a-t-il ajouté.

À la demande de M. Ratsiraka, les leaders malgaches présents ont ensuite entonné l'hymne national, avant une photo de groupe. L'ambiance entre MM. Rajoelina et Ravalomanana semblait glaciale: les deux hommes ont évité de croiser leur regard et ne se sont pas serré la main, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les pourparlers à huis clos ont ensuite débuté dans une salle où était accrochée une banderole proclamant «Vive le dialogue pour la paix et la réconciliation à Madagascar».

«C'est une réunion historique. C'est un pas très important», a estimé à la presse l'émissaire de l'ONU pour Madagascar, Tiébilé Dramé.

À l'arrivée au centre international de conférences, où se tiennent le pourparlers intermalgaches, M. Ravalomanana a affirmé être dans un état d'esprit «très positif». Selon son entourage, «il espère qu'un accord va être signé» à Maputo.

M. Rajoelina avait de son côté affirmé mardi venir «chercher un consensus».

Madagascar, pays de l'océan Indien, est plongé depuis janvier dans une crise politique majeure marquée par le bras de fer entre MM. Rajoelina et Ravalomanana.

À l'issue de manifestations ayant causé la mort de plus d'une centaine de personnes, M. Ravalomanana, lâché par l'armée, avait remis le 17 mars ses pouvoirs à un directoire militaire qui les avait immédiatement transférés à Rajoelina.

Depuis, la communauté internationale exige le retour à «l'ordre constitutionnel» et a suspendu la majeure partie de son aide au pays, qui se trouve parmi les plus pauvres de la planète.

Jusqu'à présent, toutes les tentatives de négociations ont achoppé sur le contenu d'une «charte de transition» pour mener Madagascar à de nouvelles élections et sortir le pays de son isolement international.

De début avril jusqu'à mi-juin, des discussions ont réuni des délégués des quatre mouvances. La reprise des pourparlers à Maputo, cette fois au sommet, pourrait permettre de débloquer les points en suspens, a espéré M. Dramé.

«Il y a la question du principe d'une transition pacifique pouvant garantir la stabilité de Madagascar, il y a la question de l'amnistie, il y a la question de qui va diriger la transition, la question d'un gouvernement de consensus où toutes les sensibilités politiques malgaches soient représentées et la question du retour du président Ravalomanana», a-t-il développé.