Les cadavres qui jonchaient les rues de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, depuis la fin des combats de cette semaine ont été enterrés dans des fosses communes, ont indiqué dimanche les autorités et des témoins.

«Notre équipe d'évacuation a terminé d'enlever tous les cadavres des rues de la ville. Les familles ne sont pas disposées à réclamer les corps, donc le gouvernement a décidé de les enterrer dans une fosse commune», a déclaré un porte-parole du gouvernement de l'État de Borno, dont Maiduguri est la capitale, Usman Chiroma.

Selon ce responsable, joint par l'AFP depuis la ville de Kano (nord), peu de dépouilles ont été réclamées par leurs proches car «les morts étaient membres de (la secte) Boko Haram en guerre contre le gouvernement. Ils ne veulent pas être associés à eux».

Les autorités ont refusé de préciser le nombre de corps ramassés, mais le journal This Day a évoqué dimanche le chiffre d'environ 700.

«Hier (samedi) soir, tous les corps de la zone avaient été retirés», a confirmé à l'AFP un commerçant du quartier de Bayan, Lawan Galadima.

«Des employés sanitaires et des policiers les ont entassés dans des camions et emportés. Nous sommes maintenant libérés de la puanteur qui nous gênait depuis plusieurs jours», a-t-il confié.

Dans Ngomari-Costain, un quartier où les combats furent des plus brutaux, un habitant, Mohammed Awwal Mujahid, a certifié: «Aujourd'hui (dimanche), je n'ai vu aucun cadavre dans la zone».

Samedi, une responsable du Comité international de la Croix-Rouge, Halima Bulama, avait déclaré redouter l'apparition de maladies dont le choléra à cause de ces cadavres.

Un autre employé de la Croix-Rouge, Ibrahim Aliyu, avait également averti du risque sanitaire.

Par ailleurs, la sécurité nigériane, aidée par des chefs locaux, a arrêté durant le week-end des dizaines d'islamistes radicaux cachés dans le fief «taliban», Maidiguri (nord). Ils sont en train de guider les soldats et policiers à chercher maison après maison les membres de la secte Boko Haram (les «talibans» nigérians) et les arrêter», a indiqué à l'AFP Usman Chiroma, le porte-parole du gouvernement de l'État de Borno, dont Maiduguri est la capitale. Les miliciens ont troqué jellabyahs (robes longues) et turbans contre chemises et jeans, a-t-il dit, sans fournir de chiffre d'arrestations.

Selon la police et des témoins, plus de 600 personnes ont péri dans les violences entre forces de sécurité et membres de la secte islamiste «Taliban», aussi appelée «Boko Haram» («l'éducation occidentale est un péché» en langue haoussa), dans quatre États du nord du pays, Bauchi, Kano, Yobe et Borno.

Les combats, démarrés en Bauchi, se sont ensuite concentrés à Maiduguri, fief des «talibans», où leur chef Mohamed Yusuf, 39 ans, a été tué jeudi soir.

Comme l'ONG Amnesty International samedi, le parti d'opposition nigérian Congrès de l'Action a accusé la police d'avoir exécuté le chef islamiste peu après l'avoir capturé, ce que démentent les autorités.

Sa mort «donne un coup à l'image du Nigeria comme un pays tentant de redevenir un État de droit, après huit ans de pure anarchie», a déclaré le parti dans un communiqué.

«La police du Nigeria réaffirme que Yusuf est mort dans une fusillade avec les forces de sécurité», déclarait samedi un haut responsable de la police, Ogbonnaya Onovo, dans un communiqué. «La police aurait voulu l'avoir vivant pour qu'il subisse le châtiment de la loi».

Jeudi soir, de source militaire, on indiquait que le chef islamiste avait été capturé dans la maison où il se cachait. Un policier avait ensuite déclaré à l'AFP que Yusuf avait «supplié et demandé le pardon avant d'être tué par balles».

Sa mort est «la meilleure chose qui pouvait arriver» au pays, avait jugé vendredi la ministre de l'Information, Dora Akunyili.