Des combats se poursuivaient mardi à la mi-journée à Maiduguri, ville du nord-est du Nigeria où plus de cent personnes ont été tuées dans des affrontements entre forces de l'ordre et islamistes radicaux. Le président Yar'Adua a décrété l'«alerte totale» des forces de sécurité

Des coups de feu en continu provenant du quartier résidentiel Unguwar Galadima, d'où s'élevaient des colonnes de fumée, pouvaient être entendus depuis le commissariat de police central.

«Les combats se poursuivent au coeur de la ville où ces hommes déclenchent des incendies», a déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un policier qui faisait allusion aux islamistes radicaux membres de la secte «Taliban» qui ont affronté les forces de l'ordre dans quatre Etats septentrionaux du Nigeria depuis dimanche.

Dans la cour du commissariat central de Maiduguri, capitale de l'état de Borno, un journaliste de l'AFP a compté une trentaine de cadavres jonchant le sol.

«Ça n'est qu'une petite partie. Si vous étiez venus hier, vous auriez vu des corps empilés recouvrant tout cet espace. Nous en avions plus de 100, mais certains ont été évacués car nous ne voulons pas qu'ils se décomposent ici», a indiqué un autre policier, également sous couvert d'anonymat. Il n'a pas précisé où les dépouilles avaient été emmenées.

Dans la matinée, des journalistes interrogés par l'AFP avaient indiqué avoir vu lundi plus de 100 corps être emmenés par camions dans ce commissariat de police.

«Alerte totale»

Les violences dans le nord du Nigeria ont éclaté dimanche matin, quand des islamistes radicaux de la secte «Taliban», appelée en langue haoussa «boko haram» («l'éducation occidentale est un pêché») ont tenté d'attaquer un poste de police dans l'état de Bauchi, selon la police.

Elles se sont ensuite propagées dans la région, touchant en tout quatre états: Bauchi, Borno, Kano et Yobe. En réponse, le président Umaru Yar'adua, lui-même originaire du nord du pays, a ordonné lundi soir aux services de sécurité de se mettre en «alerte totale».

Le chef de l'état, qui était lundi en déplacement dans le sud-ouest du pays pour l'inauguration d'une centrale électrique, leur a ordonné «de prendre toutes les mesures nécessaires pour contenir et repousser les attaques». Maiduguri a été placée sous couvre-feu dans la nuit de lundi à mardi.

La secte des «talibans», dont le berceau est Maiduguri, s'est fait connaître en 2004 quand elle a établi sa base dans le village de Kanamma (état de Yobe), à la frontière avec le Niger. Composée essentiellement d'étudiants en rupture d'université, elle comptait à ses débuts environ 200 membres. Sa taille actuelle est inconnue. À l'instar de l'ancien régime taliban en Afghanistan, elle veut instaurer un état «islamique pur» dans le nord du Nigeria.

Depuis 2004, des heurts entre ces «talibans» et les forces de l'ordre ont éclaté de manière sporadique dans différents états du nord, mais le bilan des violences depuis dimanche est le plus lourd que la secte ait enregistré à ce jour.

Le nord du Nigeria, pays d'au moins 140 millions d'habitants, est à dominante musulmane et le sud est majoritairement chrétien. Douze états septentrionaux ont instauré la charia (loi islamique) depuis 2000.