Les Nations unies ont annoncé lundi cesser temporairement leur travail humanitaire dans la ville de Baïdoa, au centre de la Somalie, quelques heures après que des rebelles islamistes y eurent pillé les bureaux d'organismes de l'ONU.

«Le pillage de tout le matériel de communication d'urgence (par les islamistes) et l'absence de vigiles rend impossible la poursuite de la mission de l'ONU» à Baïdoa, souligne l'organisation dans un communiqué publié à Nairobi au Kenya, siège du bureau de l'ONU pour la Somalie.

Lundi, des miliciens somaliens appartenant au groupe radical islamiste des shebab s'en sont pris aux locaux du Programme de l'ONU pour le développement (PNUD), du Bureau politique des Nations unies pour la Somalie (UNPOS) et du Département de la sécurité et de la sûreté des Nations unies (UNDSS), situés à Baïdoa (250 kilomètres au sud de la capitale Mogadiscio) et à Wajid (100 km au nord de Baïdoa).

Dans un communiqué, les shebab (les «jeunes» en arabe) ont justifié leur geste par le fait que «les agences étrangères sus-mentionnées travaillent contre l'intérêt de la population musulmane de Somalie et contre l'édification d'un Etat islamique en Somalie».

Les rebelles, qui mènent une offensive pour renverser le président Sharif Sheikh Ahmed, un islamiste modéré, ont décrété que les trois organismes ne pouvaient plus opérer en Somalie.

De son côté, l'ONU dit profondément regretter «d'avoir à transférer notre personnel et de suspendre nos opérations de façon temporaire à Baïdoa. Nous espérons que les responsables (des shebab) cesseront leurs actions (contre les organismes de l'ONU) et qu'ils nous permettront de répondre à la situation humanitaire critique qui prévaut à Baïdoa et dans sa région», indique le communiqué des Nations unies.

Le texte indique toutefois que les organismes de l'ONU poursuivaient leur travail à Wajid, «où le minimum de sécurité requis reste inchangé».

Trois otages supplémentaires

En outre, trois humanitaires étrangers -dont on ignorait toujours lundi la nationalité et pour quelle organisation ils travaillent- ont été enlevés dans la nuit de vendredi à samedi par des miliciens somaliens dans le nord du Kenya et emmenés en Somalie par leurs ravisseurs, selon des sources somaliennes et kényanes. Une délégation de chefs traditionnels kényans s'est rendue en Somalie pour tenter d'obtenir leur libération, a précisé lundi sous couvert d'anonymat un haut responsable de la police kényane. Selon lui, les ravisseurs n'ont formulé aucune demande de rançon. De son côté, un responsable des shebab de la région frontalière avec le Kenya a assuré que son mouvement n'était pas impliqué dans ces nouveaux enlèvements.

«Nous disons clairement que nous ne sommes pas impliqués dans les enlèvements des trois employés humanitaires. On nous a dit qu'ils ont été emmenés à l'intérieur de la Somalie par des miliciens», a déclaré à la presse cheikh Osmail Haji Adan. «Nous avons envoyé une force armée sur leurs traces mais ils ne sont pas vraiment dans cette région frontalière du Kenya», a-t-il ajouté.