Le meneur du putsch du 6 août 2008 en Mauritanie, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a été élu président de la République dès le premier tour du scrutin présidentiel, mais l'opposition a aussitôt dénoncé un «coup d'Etat électoral».

«Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a recueilli 52,58% des voix (samedi), est élu président de la République», a indiqué le ministre de l'Intérieur Mohamed Ould Rzeizim, après avoir donné les résultats provisoires totaux du premier tour. La participation s'est élevée à 64,58%.

Ce scrutin est censé mettre un terme à la grave crise née du coup d'Etat militaire ayant renversé le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui ne se représentait pas. A la suite du putsch, l'Union européenne (UE) avait notamment suspendu son aide.

«Je me considère comme président de l'ensemble des Mauritaniens. Cette victoire n'est pas seulement la mienne, elle est également celle de tout le peuple mauritanien», a déclaré le président élu, lors d'une conférence de presse en soirée.

Il s'est aussi engagé «à prendre les mesures adéquates pour lutter contre la maladie, l'ignorance et à lancer un vaste chantier de développement». «J'ai toujours considéré que nous avons un pays riche et mal géré. Notre combat ira alors contre la mauvaise gestion, la gabegie», a-t-il insisté.

Interrogé sur les accusations de fraudes de l'opposition, il a répondu: «En tout cas, notre camp n'a pas fraudé. Il ne suffit pas de dire qu'il y a eu fraude, il faut apporter des preuves».

«Cela concerne le Conseil constitutionnel et le ministère de l'Intérieur, la loi est très claire là-dessus», a-t-il poursuivi.

Dimanche matin, les quatre principaux candidats de l'opposition -Messaoud Ould Boulkheir, Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall et Hamadi Ould Meimou- avaient dénoncé une «mascarade électorale qui cherche à légitimer le coup d'Etat» du 6 août 2008.

Ils ont demandé aux «entités compétentes» comme le Conseil constitutionnel et le ministère de l'Intérieur de ne pas «accepter la validation» des résultats et au peuple mauritanien de «se mobiliser pour mettre en échec ce coup d'Etat électoral».

Ils accusent le général Ould Abdel Aziz de fraude massive comprenant la «manipulation du fichier électoral», la «corruption généralisée» et l'utilisation de faux documents électoraux.

Selon les résultats totaux provisoires, le président de l'Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch Ould Boulkheir arrive loin derrière le général putschiste avec 16,29% des voix.

Il est suivi par le chef du principal parti de l'opposition, le Rassemblement des forces démocratique (RFD), Ould Daddah, avec 13,66%.

Le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, décroche la quatrième place avec 4,76% des voix, juste devant Ibrahima Sarr (4,59%), issu de la minorité négro-mauritanienne et qui avait appuyé le putsch.

Le colonel Ould Mohamed Vall, l'ex-chef de la junte (2005-07) qui avait rendu le pouvoir aux civils au terme d'une transition souvent saluée comme exemplaire, et qui fut un temps présenté comme un challengeur sérieux du général Ould Abdel Aziz, son cousin, ne recueille que 3,81% des suffrages.

Le nouveau président élu s'est également engagé à «combattre le terrorisme sous toutes ses formes», moins d'un mois après l'assassinat d'un Américain à Nouakchott par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

«Nous allons combattre le terrorisme sous toutes ses formes, nous allons le combattre sur le plan sécuritaire en renforçant les moyens de l'armée. Nous allons le combattre à sa source, il prend ses source dans la pauvreté et la misère, le sous-développement», a-t-il souligné.