La présidente intérimaire du Gabon Rose Francine Rogombé a nommé vendredi Paul Biyoghé Mba au poste de premier ministre, après la démission vendredi de Jean Eyéghé Ndong, qui a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle du 30 août.

M. Biyoghé Mba, 53 ans, précédemment ministre de l'Agriculture et de l'Elevage, prendra «le temps nécessaire pour faire des consultations avant de former son gouvernement», selon la présidence gabonaise.

Dans un entretien diffusé dans la nuit de vendredi à samedi par la télévision publique RTG1, il a exhorté les candidats à la présidentielle à la paix.

«Le Gabon, c'est notre base commune. Et personne ne devrait avoir à l'esprit de faire en sorte que cette base commune soit fissurée ou quelque peu malmenée», a-t-il dit.

Plus tôt vendredi, Jean Eyéghé Ndong, 63 ans, avait annoncé sa démission à des journalistes à son domicile, expliquant que c'était une décision «prise depuis plusieurs jours» et «mûrement réfléchie».

M. Eyéghé Ndong, qui occupait ce poste depuis janvier 2006, avait été reconduit à ce poste le 19 juin par Rose Francine Rogombé, la présidente intérimaire qui avait pris fonction neuf jours auparavant.

L'annonce de sa candidature a mis fin une rumeur persistante depuis plusieurs jours à Libreville et marque une prise de distance avec le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), dont il était l'un des vice-présidents et l'un des dix candidats à l'investiture pour la présidentielle.

Mercredi, le PDG avait annoncé avoir choisi «par large consensus» Ali Ben Bongo Ondimba, 50 ans, un autre de ses vice-président, fils du défunt président et ministre de la Défense.

«La procédure arrêtée n'a pas été respectée. (...) Le consensus n'a pas eu lieu», a assuré le premier ministre démissionnaire.

«Il existe un problème de respect des statuts» au sein du PDG, a-t-il estimé, laissant entrevoir les lignes de fracture qui traversent le parti au pouvoir depuis le décès, officiellement le 8 juin, de son président-fondateur Omar Bongo.

Plus tôt vendredi, un autre ministre membre du PDG, André Mba Obame, ancien proche d'Ali Bongo, avait révélé à Barcelone (Espagne), qu'il se présentait en tant qu'indépendant à la présidentielle.

«Après vingt-cinq ans d'apprentissage et de collaboration étroite aux côtés de feu le président Omar Bongo Ondimba, j'estime avoir été préparé à assumer cette grande responsabilité», a indiqué M. Mba Obame, dans un texte dit «Appel de Barcelone du 17 juillet 2009».

D'autres candidatures de membres du PDG pourraient être annoncées au cours des prochains jours.

«Il y a un problème», a estimé M. Eyéghé Ndong. «Dans un village, lorsqu'il y a un chef charismatique, il peut y avoir des dysfonctionnements. (...) Mais dès qu'il n'est plus là, les dysfonctionnements émergent et sont difficilement contrôlables», a expliqué l'ex-premier ministre.

La «géopolitique» -gestion du pouvoir et des postes de responsabilité selon un subtil dosage ethnique mise en place par Omar Bongo-, pourrait être en train de voler en éclats.

«Le PDG a proposé à l'investiture un candidat, c'est Ali Bongo Ondimba», a réagi le secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, réfutant les rumeurs de scission dans le parti.

C'est dans ce contexte que le gouvernement gabonais a nommé jeudi un nouveau chef à la Direction générale des élections (DGE), qui relève du ministère de l'Intérieur. Sylvain Abraham Nguema, précédemment coordonnateur informatique à la DGE, a été porté à la tête de ce service en remplacement de François Ondo Edou, sans explication officielle.

Une douzaine de candidatures déclarées ont déjà été enregistrées pour l'élection présidentielle. Les dossiers peuvent être déposés jusqu'au 22 juillet. La campagne électorale démarrera le 15 août.