Les enquêteurs ont détecté le signal des balises des «boîtes noires» de l'Airbus A310 de Yemenia, des enregistreurs déterminants pour expliquer les causes de l'accident et qu'il faudra repêcher dans l'océan Indien, ce qui pourrait prendre plusieurs jours.

«Les enquêteurs du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) ont détecté le signal des balises des enregistreurs de bord», a déclaré dimanche l'enquêteur principal comorien Ali Abdou Mohamed dans un communiqué. Une annonce confirmée par le BEA, organisme français qui aide les responsables comoriens.

Le directeur général de l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie des Comores (ANACM), Abdou Saïd Madi, a indiqué à l'AFP à Moroni que les boîtes «se trouvaient de dix à douze kilomètres de la plage de Mitsamiouli», au nord de Moroni.

Selon lui, l'épave pourrait se trouver «dans les 500 ou 600 mètres de profondeur. Pour la suite, nous demandons aux pays étrangers de venir nous aider à faire sortir l'avion de la mer».

Le Capitaine de corvette, Christophe Levivier, de la Marine nationale française qui participe aux recherches, a expliqué à l'AFP que «la localisation exacte des boîtes noires est attendue dans les prochains jours. Le repêchage ne pourra donc être possible qu'après plusieurs jours».

«La France a décidé de faire venir un bateau hydrographique, le Beautemps-Beauprès basé à Brest, en mission dans la Corne de l'Afrique, afin de déterminer de manière beaucoup plus précise la profondeur des balises et du fond», a-t-il ajouté.

«En fonction de la profondeur, on utilisera différents types de moyens sous-marins», a-t-il expliqué précisant que «ce bateau est attendu entre le 12 et le 17 juillet au Comores».

Les Comores ne disposant pas «des moyens technique d'exploitation des données contenues dans les enregistreurs», elle devront être envoyées «à l'étranger», a précisé M. Abdou.

«De nombreux moyens comoriens, français, yéménites, américains et italiens sont sur place», a-t-il précisé soulignant qu'à «ce stade de l'enquête, rien ne permet de déterminer les circonstances et les causes de l'accident».

L'enquête technique est menée par l'ANACM, avec la participation de son homologue du Yémen, du BEA, du Bureau américain de la sécurité des transports (NTSB), des conseillers de Yemenia, d'Airbus et du motoriste américain Pratt and Whitney.

De la taille d'un gros tube d'aspirine, les balises émettent sous l'eau un signal acoustique (1 bip/seconde à 37,5 kHz) de localisation pendant au moins 30 jours.

Les deux «boîtes noires», en réalité des conteneurs de couleur orange, ont des fonctions bien distinctes: le DFDR (Digital Flight Data Recorder) contient l'enregistrement seconde par seconde de tous les paramètres de vol de l'avion, et le CVR (Cockpit Voice Recorder), l'enregistreur de vol phonique, comprend les conversations mais aussi tous les sons et annonces entendus dans le cockpit.

L'analyse des «boîtes noires» permet dans 90% des cas de déterminer les causes d'un accident, selon Robert Galan, pilote et expert auprès des tribunaux français.

L'Airbus de Yemenia s'est abîmé en mer dans la nuit du 29 au 30 juin peu avant son atterrissage à l'aéroport de Moroni, avec 153 personnes à bord. Bahia Bakari, une adolescente de 12 ans, est la seule survivante.

Samedi, Yemenia avait annoncé la suspension de ses vols pour Moroni qu'elle desservait via Sanaa, avant de revenir sur cette décision en maintenant les vols réguliers et supprimant les liaisons additionnelles.

Depuis le crash, des Comoriens de France, comme à Paris dimanche, manifestent leur colère contre les «vols-poubelle» à destination de l'archipel, reprochant aussi à Paris d'avoir négligé leur sécurité.